

Getahun tsegaye
Journaliste
Addis-Abeba, 15 mai 2025 – Le Front de libération du peuple Tigray (TPLF) a publié une lettre fortement rédigée aux responsables de l’Union africaine, avertissant que la décision nationale du Conseil électoral de l’Éthiopie (NEBE) de révoquer son statut de parti politique représente une menace sérieuse pour la paix fragile établie en vertu de l’accord de Pretoria.
Dans un communiqué daté du 15 mai 2025, et adressé à Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, le président du TPLF, le Dr Debretsion Gebremikael, a exprimé «une préoccupation urgente concernant la conséquence de la décision de NEBE à l’accord de Pretoria». Le TPLF fait valoir que la classification du parti comme «illégale» viole les termes de l’accord de paix signé en novembre 2022, qui a mis fin à un conflit brutal de deux ans dans le nord de l’Éthiopie.
« La signature de l’accord de Pretoria a marqué la fin d’une guerre génocidaire dévastatrice de deux ans à Tigray », indique le communiqué. «Au-delà de la cessation des hostilités, l’accord était destiné à servir de pierre angulaire pour la paix durable en abordant les causes profondes du conflit. Cependant, il y a eu moins de progrès significatifs dans la mise en œuvre de ses principales dispositions.»
Le TPLF a accusé le gouvernement fédéral d’Éthiopie (FGE) de «recadrer unilatéralement cette question intrinsèquement politique comme une simple question juridique et administrative», permettant ainsi à NEBE de délimiter le parti en violation à la fois de l’accord et des protocoles de paix africaine plus larges.
Citant les articles 3 (c) et (d) et 10 de l’accord de Pretoria, ainsi que les articles 6 (c) et 7 (1) (a) – (d) du protocole du Conseil de paix et de la sécurité de l’UA (PSC), le TPLF soutient que ces cadres nécessitent explicitement la reconnaissance mutuelle des partis et permettent à la PSC de médier les réparations et de maintenir les accords de paix.
« La décision unilatérale du FGE nie le TPLF un droit qu’il avait récupéré par l’accord de Pretoria et constitue une menace sérieuse pour le fondement du processus de paix », a ajouté le communiqué.
Le Front de libération du peuple Tigray (TPLF) a urgent une intervention immédiate par l’Union africaine (UA) à la lumière d’un différend de développement. Plus précisément, le TPLF a demandé qu’une session d’urgence du panel de haut niveau sur l’Éthiopie soit convoquée pour médier le problème. Ceci, selon eux, est une étape nécessaire pour empêcher l’escalade et assurer une résolution pacifique.
De plus, le TPLF a exhorté l’UA à placer la question à l’ordre du jour de sa prochaine réunion du Conseil de la paix et de la sécurité. Le but de cela serait d’évaluer si le Conseil national électoral d’Éthiopie (NEBE) agit conforme aux termes de l’accord de paix existant.
Enfin, le TPLF a appelé l’UA à exercer une pression sur le gouvernement éthiopien pour suspendre la récente décision de Nebe jusqu’à ce que l’UA ait eu l’occasion de délibérer sur la question. Selon le TPLF, cette pause permettrait un examen équitable et objectif et aiderait à maintenir l’intégrité du processus de paix.
La déclaration a également souligné que le TPLF avait toujours poussé à un «dialogue politique constructif» dans le cadre de l’accord de paix, accusant le gouvernement fédéral de refuser de s’engager et d’opter pour des «mesures unilatérales et administratives».
La controverse fait suite à l’annonce officielle de Nebe le 13 mai 2025, que le TPLF était retiré de la liste des partis politiques légalement reconnus. Nebe a cité «la non-conformité répétée aux lois et directives électorales» et a invoqué la proclamation 1332/2016 et la directive n ° 25/2016 pour justifier son action.
La déclaration de Nebe a affirmé que le TPLF «refusait de reconnaître la légitimité» de sa réintégration juridique antérieure en août 2024 et a ignoré les avertissements répétés. Le conseil d’administration a allégué que la partie n’avait pas rempli les conditions administratives et juridiques liées à sa réinscription, ce qui a finalement suscité l’annulation.
« En raison de l’échec persistant du parti à remplir les termes de sa reconnaissance, nous avons décidé de retirer le TPLF de la liste des partis politiques à compter du 13 mai 2025 », a déclaré le NEBE.
Cette dernière escalade intervient après un différend juridique et politique prolongé concernant le statut du TPLF à la suite de l’accord de paix en 2022. Le parti a été initialement radié en vertu de la proclamation 1162/2011 à la suite de la guerre, accusée de participation à des actes violents. Après la signature de l’accord de Pretoria, le TPLF a demandé une réintégration, faisant valoir que son inclusion politique était essentielle pour une paix durable.
Malgré une lettre de soutien du ministère de la Justice et une éventuelle réintégration par NEBE en 2024 dans des «circonstances spéciales», les relations se sont rapidement détériorées. Nebe soutient que le TPLF n’a pas réussi à se conformer aux attentes réglementaires, tandis que le TPLF affirme que la radiation est politiquement motivée et sape les termes de l’accord de paix.
Cette décision suscitera des tensions politiques renouvelées, le TPLF étant toujours considéré par beaucoup comme un acteur critique de la mise en œuvre en cours de l’accord de Pretoria.
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