La signature du protocole d’accord (MOU 01/01/24) entre le Somaliland et l’Éthiopie en a surpris plus d’un. C’était soudain et dramatique. Le monde a interprété l’importance du protocole d’accord comme l’engagement de l’Éthiopie à reconnaître la souveraineté du Somaliland en échange de l’accès à un littoral le long du golfe d’Arabie. Cet accès côtier a été souligné, soulignant le potentiel de l’Éthiopie en matière d’utilisation économique et navale.
Le président Muse du Somaliland a été explicite dans ses remarques, indiquant par des mots somaliens traduits que l’Éthiopie reconnaîtrait le Somaliland comme une nation souveraine. Cependant, un sentiment d’inconfort était visible sur le visage du Premier ministre Abiy Ahmed lorsque le président du Somaliland a annoncé avec joie que l’Éthiopie reconnaîtrait sa nation lors de la conférence de presse conjointe.
Les développements ultérieurs, notamment le communiqué de presse de la communication d’État de ce matin (01/03/2024), ont mis en lumière la tension qui a régné lors de la conférence de presse commune. Abiy était conscient que ce que le président du Somaliland croyait être vrai était inexact et il était également conscient des réactions chaotiques qui suivraient les déclarations du président Muse.
La réaction a été indéniablement chaotique et d’une grande portée. Pour Abiy Ahmed, désireux de susciter une attention considérable, l’ampleur de la réaction a dû être extrêmement satisfaisante. L’Éthiopie s’était en fait seulement engagée à réexaminer la demande de reconnaissance du Somaliland, ce qui contraste fortement avec l’interprétation du président du Somaliland.
À Addis-Abeba et à Hargeisa, les deux dirigeants ont cherché à tirer parti de la signature du protocole d’accord pour leurs avantages respectifs. Le président Musa, ignorant la nature trompeuse d’Abiy, croyait sincèrement à la reconnaissance imminente de l’Éthiopie et a encouragé son peuple à célébrer la perspective de rejoindre la communauté internationale sur un pied d’égalité entre les nations.
Pendant ce temps, à Addis-Abeba, Abiy, conscient du manque de nouveauté ou de signification de l’accord, a développé un récit inimaginable pour détourner l’attention de son régime chancelant.
Pourquoi alors affirmons-nous que le protocole d’accord ne contenait rien d’extraordinaire ? Le gouvernement d’Abiy a dû déployer sa machine de propagande à plein régime, inondant les rues de klaxons des voitures des cadres du parti et de huées des balayeuses des rues. Il convient de noter que de nombreux pays dotés de vastes côtes ont du mal à en tirer parti pour générer de la richesse, ce qui rend la location de lignes côtières mutuellement avantageuse.
Surtout, cet arrangement ne constitue pas une cession permanente du territoire du Somaliland à l’Éthiopie. Il s’agit plutôt d’un accord facilité par le Somaliland, où les terres situées entre la côte et la frontière éthiopienne relèvent de la juridiction du Somaliland. Cela contredit le récit d’Abiy Ahmed selon lequel la frontière naturelle de l’Éthiopie s’étend jusqu’à la mer, en particulier la mer Rouge. L’accord n’implique pas que l’Éthiopie revendique le littoral d’un autre pays, mais plutôt qu’elle obtienne l’accès à un littoral sous la gouvernance du Somaliland.
Les avantages économiques que le Somaliland tire de la location de son littoral inutilisé pourraient être considérés comme une aubaine inattendue. Cependant, malgré cela, l’accord n’a pas encore été pleinement concrétisé, en particulier à la lumière de la récente révélation de tromperies entourant le pacte.
Par la suite, alors que la poussière retombait, il ne restait plus qu’un président du Somaliland trompé et naïf et un Premier ministre qui, au moins dans ce cas, a tenté de tromper le public en utilisant une stratégie de tromperie et d’obscurcissement, se réjouissant de son talent dans l’art. de tromperie.
Toute l’affaire du protocole d’accord semble presque surréaliste, comme si elle avait été orchestrée spécifiquement pour détourner l’attention de l’édit émis par l’évêque Lukas contre le Premier ministre Abiy – un incident qui l’a laissé, lui et sa figure semblable à Raspoutine au sein du palais, visiblement perturbés. Curieusement, suite au décret de l’évêque, ce matin, 27 gardes républicains entièrement armés affectés à l’aéroport de Kombolcha auraient rejoint le mouvement Fano. La manœuvre calculée d’Abiy visait également à éclipser la nouvelle horrible des meurtres tragiques de pèlerins chrétiens près d’Addis-Abeba. Ces pèlerins revenaient de la célébration annuelle de Saint-Gabriel à Kulbi à Harar.
La question persiste : combien de temps la propagande trompeuse d’Abiy pourra-t-elle soutenir son régime en difficulté, surtout à la suite de telles controverses et tragédies ?
NDLR : l’article a été publié pour la première fois sur la page personnelle des réseaux sociaux d’Andargachew Tsege le 3 janvier 2022.