Les préoccupations des Africains concernant la gestion économique ont augmenté ces dernières années, plaçant ce problème au deuxième rang, après le chômage, parmi les principales priorités que les citoyens souhaitent que leur gouvernement aborde, comme le montre le dernier profil panafricain d'Afrobaromètre.
Basée sur des enquêtes menées dans 39 pays africains entre fin 2021 et mi-2023, l'analyse montre que les citoyens donnent des évaluations de plus en plus sombres de la situation économique de leur pays et de leurs conditions de vie personnelles, et que moins de la moitié s'attendent à une amélioration dans un avenir proche.
Un nombre croissant d’Africains déclarent se retrouver privés de biens de première nécessité tels qu’un revenu en espèces, des soins médicaux, de la nourriture et de l’eau. Dans la plupart des pays étudiés, les majorités connaissent une pauvreté vécue modérée ou élevée, et les notes des citoyens sur les indicateurs clés de la performance économique de leur gouvernement sont sombres et empirent.
Principales conclusions
▪ En moyenne, dans 39 pays étudiés entre fin 2021 et mi-2023, le chômage et la gestion de l’économie arrivent en tête de liste des problèmes les plus importants que les Africains souhaitent que leur gouvernement s’attaque, avec la santé (Figure 1).
Dans 31 pays interrogés régulièrement depuis 2014/2015, la proportion de citoyens citant la gestion de l’économie parmi leurs principales priorités a plus que doublé.
▪ Environ les deux tiers (65 %) des citoyens évaluent la situation économique de leur pays comme « assez mauvaise » ou « très mauvaise » (Figure 2). Plus de la moitié (52 %) ont également une vision sombre de leurs conditions de vie personnelles.
▪ En moyenne, dans 31 pays étudiés de manière cohérente depuis 2014/2015, les avis négatifs sur la situation économique du pays ont augmenté de 15 points de pourcentage, et ceux sur les conditions de vie personnelles de 7 points (Figure 3).
▪ Les citoyens sont divisés quant à savoir si les conditions économiques s'amélioreront (40 %) ou se détérioreront (35 %) au cours des 12 prochains mois.
▪ Huit personnes interrogées sur 10 (81 %) déclarent qu’eux-mêmes ou un membre de leur famille se sont retrouvés sans revenu en espèces au moins une fois au cours de l’année précédente, dont 43 % l’ont fait « plusieurs fois » ou « toujours » (Figure 4).
Les deux tiers (65 %) déclarent avoir été privés de soins médicaux au moins une fois, et environ six personnes sur dix ont souffert de pénuries de nourriture (59 %) et d'eau (56 %).
▪ Six Africains sur 10 (61 %) ont connu une pauvreté modérée ou élevée au cours de l’année écoulée.
La pauvreté vécue modérée à élevée a augmenté et a touché la majorité dans tous les pays étudiés, sauf dans huit des 39 pays étudiés, y compris plus de huit citoyens sur dix en
Congo-Brazzaville (86 %), Mauritanie (84 %), Niger (84 %) et Cameroun (81 %). ▪ Seul un quart (26 %) des Africains estiment que leur gouvernement gère « assez bien » ou « très bien » l’économie (Figure 5).
o Encore moins d’entre eux accordent une note positive à leurs gouvernements pour leurs efforts visant à améliorer le niveau de vie des pauvres (22 %), à créer des emplois (20 %), à réduire les écarts de revenus (16 %) et à maintenir la stabilité des prix (12 %).