Cette semaine, je suis tombé sur une publication Facebook de Suleman Abdullah, offrant un récit personnel pénible sur les dures conséquences du déplacement dans les zones autour d’Addis-Abeba, maintenant appelées Sheger. Le récit met en lumière le lourd bilan humain des efforts d’urbanisation menés par les Oromummaa.
Abdullah diffuse une histoire émouvante sur les réseaux sociaux à propos d’une mère nouvellement créée. Quatre jours seulement après l’accouchement, sa maison a été perquisitionnée de manière intrusive. Son récit effrayant persiste : « Quatre jours seulement se sont écoulés depuis que j’ai accouché. Alors que j’étais au bord du cinquième jour, ils ont fait irruption dans ma maison. Elle se souvient, « quand je les ai informés de mon bébé, ils ont froidement rétorqué ‘demandez à votre mari, nous ne sommes pas lui.’ J’ai plaidé, ‘où dois-je aller? Le soleil dur et le froid seront ma mort », auxquels ils ont répondu nonchalamment,« trouvez n’importe où qui offre de l’ombre.
Cette anecdote bouleversante souligne les dures réalités auxquelles ces personnes sont confrontées, couplées à un manque de respect choquant pour leur bien-être. Ces violations brutales des droits humains fondamentaux et de la dignité sont non seulement inhumaines, mais elles engendrent également un profond sentiment public de mécontentement et de ressentiment considérables.
Comme le démontre le récit d’Abdullah, les citoyens qui portent le poids de ces actions ne sont pas des entités abstraites, mais de vraies personnes avec des familles, des moyens de subsistance et des rêves. Leurs voix et leurs expériences doivent être au premier plan de tout discours sur l’initiative « Sheger » et le mouvement Oromummaa plus large. Leurs expériences devraient servir de catalyseur pour une action collective, exigeant une approche plus humaine du développement urbain et de la consolidation du pouvoir politique.
Le paysage sociopolitique de l’Éthiopie, en particulier dans la capitale Addis-Abeba, a récemment vu la montée d’une puissante force politique : les Oromummaa. Connus pour leur influence et leur domination dans la politique éthiopienne, les Oromummaa remodèlent activement la démographie et l’infrastructure urbaine d’Addis-Abeba grâce à une politique controversée de développement urbain connue sous le nom de « Sheger ». Cependant, des inquiétudes ont été soulevées quant à la légitimité et à l’intention de ces actions, les critiques suggérant que le but ultime pourrait être moins le développement que la création d’un bastion politique et la promotion d’une politique de supériorité.
Le projet « Sheger » est présenté comme un effort d’urbanisation visant à transformer la région entourant Addis-Abeba en une ville intelligente. Cette initiative, menée par les Oromummaa, a entraîné des bouleversements fonciers et sociétaux considérables. Un certain nombre de résidents sont déplacés; leurs maisons sont démolies pour faire place à la ville intelligente envisagée. Pourtant, ces actions drastiques se produisent sans un plan clair pour loger ces personnes déplacées, ce qui a conduit à des accusations de réinstallation forcée et d’injustice sociale.
L’éminent dirigeant oromo, Jawar Mohammed, a abordé cette question dans son dernier article, affirmant que l’urbanisation des Oromummaa fait partie intégrante du mouvement Oromummaa plus large. Cependant, les critiques soutiennent que cette campagne d’urbanisation est une stratégie à peine voilée pour consolider le pouvoir politique d’Oromummaa au cœur de l’Éthiopie, encerclant effectivement la capitale avec une nouvelle classe d’élites Oromummaa.
L’apparente indifférence du gouvernement central à l’égard de ces développements est alarmante pour beaucoup. Au lieu d’intervenir ou de s’inquiéter, les pouvoirs politiques semblent fermer les yeux, enhardissant ainsi les Oromummaa dans leurs plans expansionnistes. Cette position passive soulève des questions sur le rôle et les responsabilités du gouvernement dans la protection des droits de ses citoyens et la gestion du développement urbain de manière juste et équitable.
Un exemple notable de ce mouvement est la construction prévue d’un palais par les Oromummaa dans la capitale éthiopienne. Commercialisée dans le cadre de l’initiative de ville intelligente, cette décision a été accueillie avec scepticisme et consternation, ajoutant au sentiment croissant de malaise et de mécontentement de la population.
La question se pose alors : pourquoi y a-t-il un silence apparent de la part de la communauté au sens large ? Est-ce la peur, l’apathie ou un sentiment d’impuissance qui est à l’origine de ce manque de protestation ? Quelle qu’en soit la raison, le sort des résidents déplacés semble passer largement inaperçu ou sans réponse, et les activités incontrôlées des Oromummaa continuent de susciter un malaise.
Cette situation qui se déroule en Éthiopie exige un discours réfléchi et équilibré. Il est crucial de favoriser un sentiment d’inclusion, de respecter les droits et les aspirations de tous les citoyens tout en luttant pour le développement durable. Si elles ne sont pas contrôlées, ces actions pourraient exacerber les tensions sociales et contribuer à une instabilité à long terme. Par conséquent, toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement, les Oromummaa et la communauté éthiopienne au sens large, devraient engager un dialogue ouvert pour trouver une solution qui garantisse l’équité, la justice et une croissance urbaine durable pour tous.
Il est essentiel de considérer le rôle critique que le grand public joue dans la formation des récits sociopolitiques. Les citoyens, en tant qu’épine dorsale d’une nation, possèdent à la fois le droit et la responsabilité d’exprimer leurs opinions et leurs préoccupations sur les actions et les politiques qui les concernent directement.
Dans le cas du mouvement Oromummaa et de l’initiative « Sheger » en Éthiopie, l’implication du public devient encore plus cruciale. Alors que le gouvernement et les Oromummaa peuvent être des acteurs clés dans ce récit, ce sont les citoyens qui sont les plus touchés par ces changements. Ce sont leurs maisons qui sont démolies et leurs vies qui sont déracinées.
Les manifestations publiques et les protestations pacifiques peuvent être des moyens efficaces d’exprimer une dissidence, de communiquer un mécontentement et d’appeler à l’action. Ces actions ne visent pas seulement à exprimer le mécontentement, mais sont également un moyen de sauvegarder les principes démocratiques et de garantir que les gouvernements soient tenus responsables. C’est par ces actes de participation civique que les individus peuvent communiquer leurs points de vue et influencer le changement.
Cependant, la participation du public doit aller au-delà des manifestations. Les débats publics et l’utilisation de diverses plateformes médiatiques sont autant de moyens efficaces pour sensibiliser et engager le dialogue. Les médias sociaux, en particulier, peuvent contribuer à rallier le soutien, diffuser des informations et mobiliser la communauté.
Enfin, l’organisation communautaire peut être un puissant outil de changement. En formant ou en rejoignant des groupes d’action locale, les individus peuvent amplifier leur voix et leur impact. Ces groupes peuvent travailler pour fournir un soutien aux personnes déplacées, attirer l’attention sur leur sort et plaider pour des politiques plus équitables.
Les luttes auxquelles sont confrontés les résidents éthiopiens en raison de l’initiative « Sheger » et du mouvement Oromummaa plus large peuvent être confrontées à des manifestations concertées et pacifiques et à des actes stratégiques de désobéissance civile. C’est grâce à ces efforts soutenus que justice peut être obtenue pour les personnes touchées par le déplacement et l’inégalité.
En fin de compte, il est important de se rappeler que le pouvoir du peuple est plus fort que les personnes au pouvoir. Les citoyens éthiopiens, unis, peuvent défendre leurs droits, assurer un développement équitable et façonner l’avenir de leur nation.
(L’auteur peut être contacté par e-mail à contact@togolais.info)