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Par Mohamud A. Ahmed – Cagaweyne
Pendant six longues années, l’opposition de la région Somali d’Éthiopie a tenté de renverser le président Mustafe, luttant sans relâche avec des paroles, des protestations et des stratagèmes politiques. Pourtant, leurs efforts ressemblent à une lutte de Sisyphe – une tentative presque surréaliste de pousser un chameau par le trou d’une aiguille. Le chameau, qui se prélasse dans un repos royal à l’intérieur des murs du palais, reste indifférent, tandis que l’opposition, désormais experte en couture, reste frustrée face à l’impossibilité de sa mission. Chaque fois qu’ils pensent avoir trouvé un chemin, Mustafe sourit, se penche en arrière et dit : « Vous avez raté un point. »
Tel est le paysage politique de la région Somali en Éthiopie : un mélange de gouvernance intraitable, de persévérance inflexible et de magie des manœuvres, le tout souligné par la réalité surréaliste du pouvoir. Dans ce pays où tradition et modernité s’entrechoquent, le trou de l’aiguille est étroit, mais le chameau, symbolisant à la fois la puissance et le poids des dynamiques régionales, continue d’occuper son espace sans être dérangé.
Le contexte politique éthiopien : pouvoir et précarité
Pour vraiment comprendre l’énigme que représente la présidence de Mustafe, il faut d’abord comprendre le paysage politique plus large de l’Éthiopie. Nation d’une grande diversité ethnique et de tensions régionales complexes, l’Éthiopie a longtemps été gouvernée par un équilibre délicat de fédéralisme. La région Somali, géographiquement étendue et historiquement marginalisée, occupe une position stratégique mais difficile dans ce puzzle.
L’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed a été considérée comme un annonciateur de changement : sa vision de l’unité, de la réforme économique et de la libéralisation politique a ravivé l’espoir dans tout le pays. Pourtant, dans le contexte de la région Somali, la dynamique est plus complexe. L’administration de Mustafe a souvent été considérée à la fois comme une force stabilisatrice et, paradoxalement, comme un obstacle à une évolution politique plus large. La prospérité de la région s’est accrue sous sa direction, avec des infrastructures améliorées, des projets sociaux et une paix relative par rapport à son passé turbulent. Cependant, cette prospérité est souvent attribuée non seulement au leadership de Mustafe, mais aussi aux mécanismes cachés du Parti pour la prospérité somalienne (SPP), dont l’influence jette une ombre longue sur le paysage politique.
Le regard de l’aiguille : Mustafe doit-il rester ou partir ?
Le débat autour du maintien au pouvoir de Mustafe peut être comparé à l’absurdité de pousser un chameau dans le trou d’une aiguille. D’une part, son maintien au pouvoir présente des avantages indéniables : la stabilité, la continuité et la préservation de l’autonomie régionale face aux pressions extérieures. Sous Mustafe, la région Somali a connu des progrès qui, selon beaucoup, pourraient être compromis par un changement soudain de leadership. Le chameau, dans cette analogie, représente non seulement Mustafe mais aussi l’appareil politique complexe de la région – un système qui ne peut pas simplement être forcé à travers les contraintes étroites de la gouvernance conventionnelle sans risquer la fragmentation.
Pourtant, les inconvénients de son leadership prolongé ne peuvent être écartés. Les critiques affirment que la gouvernance de Mustafe est devenue trop dépendante du clientélisme politique et que les frustrations de l’opposition reflètent des préoccupations plus larges concernant l’érosion des processus démocratiques. La lutte constante pour le destituer, comparée avec humour à « un point raté », est emblématique du fossé plus large entre l’élite dirigeante et la population gouvernée. Chaque tentative visant à le déloger révèle non seulement la ténacité de sa survie politique, mais aussi l’incapacité de l’opposition à présenter une alternative viable.
Sur le fil de l’aiguille : le rôle du Parti de la prospérité somalienne
Au cœur de cette impasse politique se trouve le Parti de la prospérité somalienne (SPP), la force invisible qui soutient la mainmise de Mustafe sur le pouvoir. Souvent décrite comme une entité magique, l’influence du SPP est subtile mais omniprésente, comme un murmure dans les couloirs du pouvoir qui garantit que le chameau reste confortablement assis dans le palais. Le SPP est à la fois un instrument de gouvernance et un symbole de la culture politique complexe de la région, où s’entremêlent dynamique clanique, loyauté et pragmatisme.
Même si la corruption et le népotisme ont sans doute atteint leur apogée et semblent être décentralisés, conséquence d’une politique visant à conserver le pouvoir, Mustafe se trouve désormais à un tournant critique. La coalition d’intérêts particuliers – une bande inimaginable d’individus puissants qui ont longtemps prospéré dans l’ombre – a pris pour acquis sa capacité à soutenir ses efforts égoïstes et suceurs de sang. Ces forces, profondément ancrées dans le système, pourraient devenir le plus grand obstacle que Mustafe devra surmonter s’il veut se libérer de leur emprise et garantir que la gouvernance de la région soit au service du peuple, et non de quelques-uns.
L’opposition, malgré toute sa ferveur, se retrouve à lutter non seulement contre Mustafe mais contre le tissu même de l’ordre politique. Leur exaspération – exprimée dans le plaidoyer comique : « C’est notre dernière chance, enfonçons le chameau dans l’aiguille ! » – témoigne de la futilité d’affronter un système qui résiste au changement. Quand le grand type demande enfin : « Sommes-nous vraiment sains d’esprit ? la question résonne non seulement parmi ceux qui sont présents dans la salle, mais aussi dans toute la région, à certains endroits du pays, qui se demandent si la lutte pour le pouvoir n’est pas en soi une forme de folie.
L’Éthiopie et la région : pouvoir, poésie et paradoxe
La situation dans la région Somali est, à bien des égards, un microcosme des luttes politiques plus larges de l’Éthiopie. Partout dans le pays, des dirigeants comme le Dr Abiy Ahmed se retrouvent confrontés à un équilibre délicat entre réforme et stabilité, fédéralisme et centralisme, unité et diversité. Même le Dr Abiy, comme le dit la plaisanterie, se gratte la tête face à la complexité de la situation dans la région Somali, remarquant : « Il n’y a aucun moyen de démêler celle-ci ; Mieux vaut chercher une solution dans une autre galaxie ! »
La réalité politique de l’Éthiopie est pleine de paradoxes. Les dirigeants qui promettent un changement sont souvent contraints par le poids de l’histoire et de la tradition. Le maintien de la présidence de Mustafe n’est pas simplement une question de gouvernance mais le reflet de la lutte de l’Éthiopie pour réconcilier sa structure fédérale avec les exigences de la démocratie moderne. Le chameau, omniprésent et résilient, incarne les fardeaux du pouvoir, et l’aiguille – le chemin étroit vers la réforme – reste insaisissable.
La tempête brassicole : stabilité ou changement ?
Alors que le paysage politique en Éthiopie évolue avec des tensions et des incertitudes croissantes, la tempête de défis régionaux et nationaux a clairement montré que le maintien du statu quo pourrait être la voie la plus sûre pour le moment. Dans la région Somali, où la stabilité est aussi délicate qu’une brise du désert, l’idée d’un changement soudain et radical comporte des risques qui pourraient anéantir les progrès réalisés au cours des dernières années. Mustafe, avec sa profonde compréhension de la dynamique complexe des clans de la région et des subtilités cachées de la gouvernance, représente un conducteur expérimenté qui peut guider la région Somali à travers ce climat politique orageux.
La question n’est donc pas de savoir si Mustafe doit rester au pouvoir indéfiniment, mais si la région est prête à une transition brusque de leadership pendant une période aussi instable. Pour l’instant, la réponse semble claire : la stabilité est la monnaie la plus précieuse. Avec Mustafe aux commandes, la région Somali peut continuer à naviguer dans les eaux turbulentes de la politique éthiopienne, se préparant à un avenir dans lequel un nouveau leadership visionnaire pourra émerger. Mais cet avenir doit être construit de manière réfléchie, avec la prochaine génération de dirigeants prêts à hériter d’une région plus forte, plus cohésive et mieux préparée à relever les défis à venir. Se précipiter dans ce processus risquerait de perdre le terrain déjà acquis. Pour l’instant, l’expérience est la boussole la plus sage pour ouvrir la voie.
Journal politique de Mustafe : les opportunités manquées
Alors que le président Mustafe continue de tenir les rênes, il est crucial pour lui de revoir son agenda politique et de réfléchir aux faux pas et aux opportunités manquées qui ont marqué son mandat. L’un des problèmes les plus urgents est le déséquilibre de la représentation fédérale, où l’éléphant reste sous-représenté dans les principaux processus décisionnels nationaux. Cette disparité a alimenté les frustrations parmi les électeurs et exacerbé les tensions régionales. En outre, la gestion par Mustafa du Front de libération nationale de l’Ogaden (ONLF) a souvent été critiquée comme une décision mal calculée, oscillant entre des périodes d’accommodement politique et de tensions qui ont amené de nombreuses personnes dans la région à remettre en question sa stratégie. Le FLNO, une force politique importante dans l’histoire de la région, reste une question délicate qui aurait pu être exploitée plus efficacement pour unifier plutôt que diviser.
Si Mustafe veut laisser un héritage durable, il doit orienter la région vers une véritable réconciliation politique et veiller à ce que les voix du peuple somalien soient entendues au niveau fédéral. La région se trouve à la croisée des chemins et il est essentiel de corriger ces faux pas du passé pour avancer dans la bonne direction. Le moment est venu pour lui de reconnaître que son leadership prédéterminé – fortifié par les pouvoirs invisibles de la « galaxie » – n’est pas éternel. Le prochain chapitre du parcours politique de la région Somali devrait s’appuyer sur les leçons tirées des échecs de son administration, en veillant à ce que tout ce qui reste de son mandat soit dépensé pour jeter les bases d’un futur leadership équitable, inclusif et prêt à relever les défis de demain. .
La poésie du pouvoir : une réflexion finale
Dans la région Somali, comme dans l’ensemble de l’Éthiopie, le pouvoir est une danse poétique. Il ne s’agit pas toujours de la force de gouverner mais de la capacité à naviguer dans les espaces étroits entre loyauté et leadership, tradition et transformation. Mustafe, malgré tous ses défauts, maîtrise cette danse, se déplaçant avec la grâce d’un chameau qui connaît sa place dans le désert. L’opposition, frustrée et en difficulté, poursuit sa quête chimérique pour le pousser dans le trou de l’aiguille, ignorant que la véritable magie ne réside pas dans l’aiguille mais dans la compréhension du rythme des battements du cœur politique de la région.
Alors que le rideau tombe sur ce drame politique de longue date, on peut se demander : le chameau passera-t-il un jour par le chas de l’aiguille ? Ou bien le véritable défi est-il d’apprendre à vivre avec les paradoxes du pouvoir, où parfois l’impossibilité du changement est elle-même la réalité la plus tenace ?
Selon les poètes éthiopiens, la réponse réside peut-être dans le vent qui se faufile à travers les déserts de la région Somali, murmurant que le véritable pouvoir ne réside pas dans la destination, mais dans le voyage.
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Note de l’éditeur : les opinions exprimées dans l’article ne reflètent pas nécessairement celles de Togolais.info
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