Un audit révèle des dépenses d’urgence en carburant de 136 millions de GH₵ dans un contexte de crise du secteur énergétique au Ghana

Maria

Ghana’s Energy Sector

Un audit cinglant a révélé que le principal distributeur d’électricité du Ghana, l’Electricity Company of Ghana (ECG), a dépensé la somme colossale de 136 millions de GHS (10,4 millions de dollars) en achats d’urgence de carburant en seulement trois mois, exacerbant les difficultés financières qui affligent le secteur énergétique du pays.

Ce chiffre alarmant a été révélé dans un rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC), rendu public cette semaine, attirant l’attention sur la grave mauvaise gestion financière qui mine la stabilité du pouvoir au Ghana alors qu’une nouvelle administration prend les commandes.

L’audit, couvrant la période d’octobre à décembre 2023, a révélé que l’ECG avait effectué ces achats d’urgence de carburant non budgétisés pour éviter les pannes de courant. Cependant, seuls 18,2 millions de GHS de ces dépenses ont été officiellement déclarés par les voies appropriées, ce qui soulève d’importantes inquiétudes quant à la transparence des transactions. Les fonds restants, soit environ 118 millions de GHS, ont été dépensés sans contrôle suffisant.

Le rapport de PwC dresse un tableau troublant de la gestion financière de l’entreprise, les auditeurs soulignant que l’achat de carburant d’urgence s’effectue souvent à des prix élevés, ce qui met encore plus à rude épreuve les ressources déjà limitées de l’ECG. Le rapport note que ces achats d’urgence, bien que jugés nécessaires pour éviter les coupures d’électricité, ont constitué une ponction importante sur les finances de l’entreprise, détournant des fonds d’autres obligations critiques, notamment les paiements aux producteurs d’électricité indépendants (IPP).

Une planification inadéquate et une mauvaise gestion des stocks ont été signalées comme étant les principales causes de la dépendance excessive d’ECG à l’égard des achats de carburant d’urgence. En outre, l’audit a mis en évidence plusieurs problèmes, notamment l’absence de directives standardisées en matière de passation des marchés, ce qui accroît le risque d’inefficacité et de mauvaise gestion financière. Sans protocoles clairs en place, les achats d’urgence se transforment souvent en transactions coûteuses de dernière minute.

Une autre préoccupation importante soulevée par l’audit était le manque de surveillance indépendante des opérations d’ECG. En l’absence de mécanismes pour surveiller ces dépenses importantes, le rapport suggère que de sérieuses questions subsistent quant à la responsabilité et à une éventuelle mauvaise utilisation des fonds. Le grand nombre de comptes financiers d’ECG – 84 comptes répartis dans 20 banques – fait également d’une bonne surveillance financière une tâche ardue.

La révélation la plus alarmante de toutes est peut-être qu’ECG a sous-déclaré ses revenus d’un montant stupéfiant de 1,14 milliard de GHS (87,3 millions de dollars) entre octobre et décembre 2023. Cette découverte jette une ombre sur la transparence financière de l’entreprise et soulève des signaux d’alarme sur la véritable situation financière de l’entreprise. le secteur.

Le moment choisi pour la publication de l’audit est crucial, alors que le nouveau président John Dramani Mahama est confronté à la lourde tâche de superviser la réforme du secteur énergétique du pays. Mahama, ainsi que son ministre désigné de l’Energie, John Jinapor, ont hérité d’un secteur des services publics aux prises avec une grave dette et des inefficacités opérationnelles. Ces conclusions constituent un sérieux défi pour l’administration de Mahama, qui s’était engagée à donner la priorité aux réformes dans le secteur de l’énergie lors de sa prestation de serment.

Autre coup dur porté au secteur, l’audit a également révélé que les tensions financières liées aux achats d’urgence de carburant ont eu un effet en cascade sur le mécanisme Cash Waterfall, conçu pour garantir des paiements équitables aux producteurs d’électricité. La pression sur les ressources a retardé les paiements aux IPP, ce qui menace à son tour la capacité de production d’énergie du Ghana.

Le secteur énergétique du Ghana est déjà accablé par une dette dépassant les 8 milliards GHS (612 millions de dollars), et ce chiffre continue de grimper en raison d’inefficacités persistantes. L’audit de PwC souligne le besoin urgent d’une réforme du secteur de l’énergie, où la discipline financière doit être associée à l’impératif de maintenir un approvisionnement électrique fiable.

Pour le président Mahama, le chemin à parcourir sera semé d’embûches. Alors qu’il fait face à une pression croissante pour s’attaquer aux problèmes profondément enracinés du secteur, les conclusions de l’audit montrent clairement que des réformes audacieuses et une surveillance stricte seront nécessaires pour restaurer la santé financière et la stabilité énergétique du pays. Alors que le pays est aux prises avec sa crise énergétique, le besoin de réforme n’a jamais été aussi urgent.