Signes d’une révolution brassicole selon une enquête publique

Maria

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Les habitants d’Addis-Abeba se sont rassemblés sur la place Meskel (Source photo : Assena/file)

Arada Hibret

Arada Hibret est un mouvement politique créé par « Addis Abebeans » avec pour mission de parvenir à une autonomie politique pleine et indépendante et à une représentation politique pour les résidents d’Addis-Abeba. Arada Hibret a été active dans l’organisation de sa structure de base à Addis-Abeba ainsi que dans la sensibilisation en mettant en œuvre un large éventail d’activités sur différentes plateformes. Dans le cadre de sa stratégie de lutte politique, Arada Hibret a récemment mené une enquête publique lancée sur différentes plateformes de médias sociaux. L’enquête publique est conçue pour identifier les questions politiques importantes que posent les résidents d’Addis-Abeba. Avant de lancer l’enquête, Arada Hibret a organisé différentes sessions à travers sa structure d’Addis-Abeba pour tenter de découvrir les questions politiques les plus attractives aux yeux des habitants d’Addis-Abeba. Ces séances de réflexion entre les habitants d’Addis-Abeba mettent en lumière les enjeux politiques les plus intéressants. Ces questions intéressantes identifiées ont ensuite été conçues pour mener une enquête publique. L’enquête publique présente un questionnaire aux résidents, leur demandant : « Quel est le facteur le plus préoccupant pour vous en tant que résident d’Addis-Abeba ? » avec quatre options de réponse. Les options étant 1-le déplacement et la destruction actuels de la ville, 2manque de liberté et injustice, 3coût de la vie élevé et la quatrième option est 4tout ce qui précède.

Plus de 20 000 habitants d’Addis-Abeba ont participé activement à l’enquête publique. L’enquête publique a été lancée sur X, Facebook et Twitter. L’enquête publique a réussi à toucher plus de 200 000 habitants et sur ces 200 000 habitants, 20 000 habitants d’Addis-Abeba ont participé activement en répondant simultanément à la question et en commentant leur point de vue. Le nombre de participants actifs dépasse 20 000, mais ceux qui se trouvent à Addis et ont participé activement à l’enquête sont au nombre de 20 000 résidents.

Comme le résultat montre les distractions et les déplacements opérés par la mairie et le premier ministre, le manque de liberté et l’injustice qui sont devenus une réalité quotidienne dans la vie des habitants ainsi que le coût de la vie extrêmement élevé sont également inquiétant pour les habitants d’Addis-Abeba. En outre, les commentaires des résidents stipulent clairement que l’effet combiné de ces problèmes pousse les résidents au-delà de leurs limites. La seule chose que les habitants ont commentée et exprimée est le déplacement continu et la distraction de la ville, camouflée sous le couvert du « développement » qui est un pur processus de gentrification ethnocentrique par lequel le régime consolide son pouvoir en bénéficiant au peuple ethniquement Oromo. Les sommes d’argent prélevées sur les contribuables sont ridicules et ce qu’on appelle le « développement » n’apporte aucun bénéfice économique aux habitants d’Addis-Abeba. Ce sinistre processus de gentrification ethnocentrique vise à éradiquer et à abolir l’histoire et l’essence d’Addis-Abeba en tant que ville dans le but de créer une nouvelle ville « oromisée » avec un nouveau récit. L’enquête montre clairement que la jeune population des résidents d’Addis-Abeba est celle qui est gravement touchée par ces évolutions malheureuses. L’ancien président américain Barack Obama, lors de son discours devant l’Union africaine à Addis-Abeba en 2015, a mis en garde les dirigeants africains contre les dangers d’une population jeune confrontée au chômage chronique. Il a souligné que même si la jeunesse africaine recèle un immense potentiel de croissance, sans opportunités d’emploi adéquates, elle risque de devenir un moteur d’instabilité. Obama a fait des comparaisons avec les soulèvements du Printemps arabe de 2011, où le chômage généralisé des jeunes et la stagnation économique ont été parmi les principaux catalyseurs des révoltes qui ont balayé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Ses paroles s’avèrent prophétiques pour l’Éthiopie, où une tendance démographique similaire exacerbe les tensions à Addis-Abeba. Ces dernières années, l’ambassadeur américain en Éthiopie, Ervin Massinga, a fait écho à des préoccupations similaires. Abordant les défis économiques de l’Éthiopie, il a souligné que la crise du chômage, en particulier parmi les jeunes, est essentielle à la stabilité future du pays. Massinga a noté que la jeune population éthiopienne est confrontée à des obstacles importants, avec des opportunités économiques limitées alimentant les troubles sociaux. Ses déclarations renforcent les avertissements lancés par Obama il y a près de dix ans, soulignant le besoin urgent de solutions créatives à ces problèmes urgents.

L’autre aspect qui ressort de cette enquête publique est le courage des habitants à exprimer leur point de vue malgré le danger imminent d’être poursuivi. Certains participants ont courageusement exprimé qu’il n’y avait littéralement aucune différence entre des poursuites illégales et l’état actuel de leur vie, comme l’a exprimé un résident dans son commentaire « un suicide au ralenti ».

Les habitants d’Addis-Abeba et le régime tyrannique actuel se sont séparés, car le régime aspire à conserver le pouvoir politique par la tromperie et une violence extrême. La seule chose qui maintient le régime au pouvoir, ce sont les institutions militaires, policières et de renseignement. Sans parler du « bataillon de propagande » rémunéré de cadres sur lequel le régime s’appuie pour diffuser une propagande ridiculement mauvaise de prospérité, alors que le pays tout entier est dans une tourmente d’instabilité politique, de conflits, de guerre civile et d’une crise économique qui s’aggrave. Cependant, les habitants d’Addis-Abeba sont désormais clairement agacés et fatigués par ce régime. Les commentaires observés dans cette enquête publique traduisent une forte irritation. L’ampleur de l’irritation est si immense qu’elle indique que les scènes que nous avons vues dans les rues de Nairobi se produiront certainement à Addis.

Note de l’éditeur : les opinions exprimées dans l’article ne reflètent pas nécessairement celles de Togolais.info

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