Religions anciennes éthiopiennes à la carrefour: un appel à l’action

Maria

Note de l’éditeur: les vues dans l’article ne reflètent pas nécessairement les vues de Togolais.info

Image: SM

Par: Habtemariam H.

L’Éthiopie, une terre imprégnée d’histoire et de spiritualité, a longtemps été un phare de coexistence religieuse et de patrimoine. Abritant deux des plus anciennes religions du monde, le christianisme et l’islam, la nation a servi de sanctuaire pour la foi et la tradition pendant des siècles. Cependant, aujourd’hui, ces anciennes religions sont confrontées à une menace existentielle. L’Église éthiopienne orthodoxe du Tewahedo (EOTC) et l’islam, toutes deux intégrées à l’identité culturelle et spirituelle de l’Éthiopie, sont soumises à une attaque systématique par le gouvernement actuel dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed. Ici, je me plonge dans la signification historique de ces religions, les menaces auxquelles ils sont confrontés et le besoin urgent d’unité et d’action pour préserver l’héritage spirituel de l’Éthiopie.

Éthiopie: le berceau des religions anciennes

L’héritage religieux de l’Éthiopie est sans précédent. Le pays est l’un des premiers adoptants du christianisme, l’EOTC retraçant ses racines au 4ème siècle. Comme le souligne le professeur Ephrem Isaac, un érudit renommé, l’EOTC est uniquement lié à la première église de Jésus-Christ, souvent appelée l’église de Paul et de Pierre. Ce lien direct avec l’ère apostolique fait de l’EOTC une relique vivante du christianisme primitif, un trésor non seulement pour l’Éthiopie mais pour le monde entier.

De même, l’Éthiopie organise une place spéciale dans l’histoire islamique. Au début de l’islam, le prophète Mohammed a conseillé à ses disciples de se réfugier en Éthiopie pour échapper à la persécution à la Mecque. Cet événement, connu comme le premier hijra, souligne le rôle de l’Éthiopie en tant que protecteur de la foi. Le prophète lui-même a décrété que l’Éthiopie, alors connue sous le nom d’al-Habesh, devrait être laissée en paix, témoignage de la signification historique de la nation dans le monde islamique.

Le ciblage systématique des religions anciennes

Malgré cette riche histoire, les religions anciennes de l’Éthiopie sont désormais menacées. Depuis qu’Abiy Ahmed et son parti de prospérité (PP) sont arrivés au pouvoir il y a six ans, il y a eu une campagne systématique pour saper et démanteler ces institutions religieuses. L’idéologie du PP, telle que décrite dans son livre d’endoctrinement, considère l’EOTC et l’islam comme des obstacles à la prospérité et au développement. Ce récit a été utilisé pour justifier une série d’attaques contre les deux religions.

La stratégie du gouvernement suit un schéma inquiétant: dégrader, étiqueter et éliminer. Premièrement, les institutions religieuses sont étiquetées comme anti-développement ou en arrière. Ensuite, ils sont étiquetés comme des obstacles à la progression. Enfin, ils sont destinés à l’élimination par la violence, le déplacement et les saisies de terres. Ce processus en trois étapes a été méticuleusement appliqué pour affaiblir l’influence de ces religions.

L’Église éthiopienne orthodoxe de Tewahedo: une cible principale

L’EOTC est devenu la cible principale des attaques systématiques au cours des six dernières années sous le gouvernement d’Abiy Ahmed. L’Église a enduré des tueries de masse de ses disciples, le déplacement des communautés, le harcèlement du clergé et la saisie de ses terres. Les églises ont été profanées et des sites historiques détruits – tous partie d’un effort calculé pour éroder l’influence et l’autorité de l’EOTC. Son lien profondément enraciné avec l’identité éthiopienne en fait un puissant symbole de résistance contre la dépassement du gouvernement, mais la résilience de ses disciples a fait du démantèlement un défi formidable.

Ajoutant à l’indignation, le parti de la prospérité d’Abiy (PP) a interdit le retour de Sa Grace Abune Petros, un archevêque très respecté, après sa mission aux États-Unis. Cette décision choquante contraste fortement avec l’allocation par le gouvernement d’un pasteur protestant étranger récemment. De telles actions révèlent une tentative délibérée de saper l’unité et l’intégrité doctrinale de l’Église.

Des fonctionnaires de haut rang, dont des membres du Saint-Synode comme Abune Lucas, ont publiquement condamné ces injustices. Abune Lucas a dénoncé à plusieurs reprises les actions du gouvernement dans ses sermons, exposant la profanation des sites saints, le déplacement des communautés et l’introduction d’influences étrangères dans la direction de l’Église. Son puissant témoignage met en évidence la nature systématique des attaques et l’agenda plus large du gouvernement pour affaiblir l’EOTC.

Le refus du retour d’Abune Petros dans son pays natal, associé à des attaques systématiques et soutenues par le gouvernement de l’EOTC, souligne l’assaut flagrant du PP contre l’EOTC. Ces actions ciblent non seulement l’église mais aussi le patrimoine spirituel et culturel de l’Éthiopie. Le moment est venu pour les fidèles pour unir et résister à cette érosion calculée de leur ancienne foi. La survie de l’EOTS dépend de la solidarité, de la résilience et d’une position collective contre ces tactiques de division et destructrices.

Islam: une cible en attente

Bien que l’EOTC ait été le principal objectif des attaques du gouvernement, l’islam n’est pas à l’abri. La rhétorique et les actions du gouvernement suggèrent que ce n’est qu’une question de temps avant que l’islam fait face à une persécution similaire. Malgré son importance historique, y compris son rôle dans le premier hijra, l’islam n’a pas été épargné de l’ordre du jour du gouvernement de saper les religions anciennes.

Un exemple flagrant est l’élimination de Hadji Mufti, un chef islamique respecté, de sa position, signalant l’intention du gouvernement de contrôler les institutions religieuses. De plus, plus de 50 mosquées ont été détruites dans la ville de Shgeger d’Oromia, effaçant les symboles du patrimoine islamique. Le gouvernement surveille également les mosquées, fait taire les chefs religieux et restreint les écoles islamiques et les programmes communautaires, visant à supprimer l’influence de la communauté musulmane.

Cette approche reflète la stratégie utilisée contre l’EOTC: étiqueter les religions comme anti-développement, les étiqueter comme des obstacles et les cibler pour l’élimination. Alors que les attaques contre l’islam ont été moins ouvertes, la destruction des mosquées et la suppression de dirigeants comme Hadji Mufti Show Islam sont déjà dans la réticule.

Le moment est venu pour les religions anciennes de l’Éthiopie à s’unir. L’EOTC et l’islam ont coexisté pacifiquement pendant des siècles, et leur histoire commune exige une action collective contre cette assaut systématique. S’ils ne se tiennent pas ensemble, les deux risques sont démantelés. Les tactiques du gouvernement, vues dans le «développement du couloir» d’Addis-Abeba, visent désormais les institutions religieuses. Ce n’est que par la solidarité que ces anciennes confessions peuvent survivre.

Le coût de l’inaction

Le retard coûtera très cher ces religions. Chaque jour qui passe sans réponse unifiée rapproche le gouvernement de son objectif d’éradiquer ces anciennes confessions. La destruction des institutions religieuses n’est pas seulement une perte pour l’Éthiopie mais pour l’humanité dans son ensemble. Le lien de l’EOT avec l’église primitive et les liens historiques de l’islam avec l’Éthiopie sont des trésors irremplaçables qui doivent être préservés.

Préserver l’héritage spirituel de l’Éthiopie

Les religions anciennes de l’Éthiopie sont à la croisée des chemins. Les choix faits aujourd’hui détermineront si ces confessions continuent de prospérer ou sont consignées à l’histoire. L’EOTC et l’islam doivent dépasser leurs différences et affronter cette menace partagée avec l’unité et la résolution. La communauté internationale a également un rôle à jouer dans la tenue du gouvernement éthiopien responsable de ses actions.

L’héritage spirituel de l’Éthiopie témoigne de la résilience et de la foi de son peuple. C’est un héritage qui doit être protégé, non seulement pour les Éthiopiens mais pour le monde. Le moment de l’action est maintenant. Le retard nous coûtera tout.

Note de l’éditeur: les vues dans l’article ne reflètent pas nécessairement les vues de Togolais.info
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