En tant que personne handicapée, j’aborde les prochaines élections de 2024 avec un mélange d’espoir et de scepticisme.
Le Congrès national démocratique (NDC) et le Nouveau Parti patriotique (NPP) ont tous deux fait des promesses audacieuses dans leurs manifestes, notamment concernant le bien-être et l’inclusion des personnes handicapées.
Ces engagements sont remarquables, mais ils soulèvent une question importante : ces promesses seront-elles tenues ou resteront-elles simplement de la rhétorique électorale ?
Le manifeste du NDC met en évidence un large engagement en faveur de l’inclusion sociale, visant à répondre aux besoins des personnes handicapées aux côtés d’autres groupes marginalisés tels que les femmes, les jeunes et les personnes âgées.
Il s’agit d’une évolution positive, car l’inclusion sociale est essentielle pour garantir que les personnes handicapées puissent participer pleinement à la société sans être confrontées à la discrimination ou à l’exclusion.
La clé de la réalisation de cette vision réside toutefois dans les modalités de mise en œuvre. Le manifeste parle de promouvoir l’égalité d’accès aux services publics et de protéger les personnes handicapées contre les abus, mais comment y parvenir ?
Y aura-t-il des ressources dédiées, des cadres politiques et des mécanismes de suivi pour garantir que les personnes handicapées bénéficient réellement de ces promesses ?
Le NDC et le NPP se sont tous deux engagés à fournir un enseignement supérieur gratuit aux personnes handicapées, une promesse qui pourrait être transformatrice si elle était mise en œuvre efficacement.
L’éducation est un puissant outil d’autonomisation, et la suppression des obstacles financiers à l’accès à l’enseignement supérieur pourrait ouvrir des portes à de nombreuses personnes handicapées qui, autrement, ne pourraient pas poursuivre leurs rêves universitaires. Cependant, l’accès à l’éducation va au-delà des frais de scolarité.
Cela nécessite des environnements d’apprentissage accessibles, des programmes d’études inclusifs et des services de soutien qui répondent aux besoins particuliers des apprenants handicapés. Il est essentiel que ces considérations fassent partie de la mise en œuvre de la politique pour que cette promesse ait l’effet escompté.
L’emploi est un autre domaine crucial dans lequel les deux partis ont fait des promesses importantes. L’engagement du NDC d’imposer un minimum de 5 % d’embauches de personnes handicapées dans le secteur public est une mesure audacieuse pour résoudre la crise du chômage au sein de cette population marginalisée.
De même, la promesse du NPP de fixer des quotas pour le recrutement de personnes handicapées dans le secteur public montre une compréhension de la nécessité d’une action positive.
Toutefois, les quotas ne suffiront pas à eux seuls. Il faut déployer des efforts concertés pour créer un environnement favorable aux personnes handicapées sur le lieu de travail, notamment en mettant en place des aménagements raisonnables, des mesures d’accessibilité et des politiques anti-discrimination.
Sans ces soutiens, les quotas risquent de devenir un simple exercice consistant à cocher des cases plutôt qu’une étape significative vers l’emploi inclusif.
La mention par le NDC d’un soutien ciblé aux femmes handicapées constitue une reconnaissance essentielle des défis intersectionnels auxquels ce groupe est confronté. Les femmes handicapées sont souvent confrontées à une double discrimination en raison de leur sexe et de leur handicap, ce qui rend encore plus difficile leur accès aux opportunités et aux services.
Des initiatives ciblées visant à promouvoir leur bien-être et leur autonomisation sont essentielles, mais elles doivent être accompagnées d’un zèle politique et de solides mécanismes de suivi et de responsabilisation pour garantir que les bénéficiaires visés reçoivent réellement le soutien promis.
La proposition du NDC de créer un festival national des sports adaptés est un signe encourageant de progrès vers l’inclusion dans le sport. Le sport peut être une plateforme puissante pour remettre en question les stéréotypes et mettre en valeur les talents des personnes handicapées.
Toutefois, cette initiative doit être soutenue par des investissements dans des installations sportives accessibles, des programmes de formation et des opportunités pour les personnes handicapées de participer à tous les niveaux du sport.
L’inclusion dans le sport ne doit pas se limiter à un seul festival, mais doit être un engagement permanent visant à garantir que les personnes handicapées bénéficient des mêmes chances de participer à des activités physiques et sportives.
La promesse du NPP de garantir que les infrastructures et les services publics soient accessibles aux personnes handicapées est une condition fondamentale de l’inclusion. L’accessibilité n’est pas un luxe ; c’est un droit fondamental qui permet aux personnes handicapées de participer pleinement à la société.
La proposition du NPP d’augmenter de 5 % la part du Fonds commun des assemblées de district (DACF) allouée aux personnes handicapées est une étape positive, mais elle doit être associée à une application rigoureuse des normes d’accessibilité dans tous les projets d’infrastructures publiques.
L’accessibilité ne doit pas être une considération secondaire mais une considération fondamentale dans toutes les initiatives de développement.
Les manifestes du NDC et du NPP offrent l’espoir d’un Ghana plus inclusif, où les droits et les besoins des personnes handicapées sont prioritaires.
Mais la véritable preuve de la validité de ces promesses résidera dans leur mise en œuvre. En tant que personne handicapée, j’appelle les deux parties à dépasser les discours et à prendre des mesures concrètes pour honorer leurs engagements. Cela nécessite une volonté politique, des ressources adéquates et la participation des personnes handicapées à la planification et à la mise en œuvre de ces politiques.
Les élections de 2024 offrent au Ghana l’occasion de faire des progrès significatifs en matière d’inclusion des personnes handicapées. Ne gâchons pas cette opportunité avec des promesses creuses.
Par Abdul Wahab Adam