Les nations mettent en garde contre l’impasse des négociations historiques sur la pollution plastique

Maria

Les nations mettent en garde contre l’impasse des négociations historiques sur la pollution plastique

BUSAN – Des diplomates ont averti samedi qu’une majorité de pays pourraient se retirer des négociations sur le premier accord mondial sur la pollution plastique si une poignée de délégations continuaient de résister aux appels au compromis.

Près de 200 pays se trouvent à Busan, en Corée du Sud, pour négocier un accord visant à réduire la pollution plastique.

Mais les efforts visant à parvenir à cet accord historique se heurtent à plusieurs points de friction clés, notamment la réduction de la production et l’élimination progressive des produits chimiques dont on pense ou sait qu’ils nuisent à la santé humaine.

Plus de 100 pays soutiennent ces mesures et insistent sur le fait qu’un traité sans elles ne parviendra pas à résoudre la crise de la pollution.

Mais une douzaine de pays – pour la plupart producteurs de précurseurs plastiques dérivés de combustibles fossiles – y sont fermement opposés.

En conséquence, juste un jour avant la fin censée des négociations, le projet de texte reste rempli de points de vue opposés et de termes contradictoires.

Et la frustration grandit.

« L’écrasante majorité des délégués ici exigent un traité ambitieux », a déclaré le chef de la délégation panaméenne, Juan Carlos Monterrey Gomez.

« Si la réduction de la production n’est pas au rendez-vous, il n’y a pas de traité. »

« Nous ne pouvons pas laisser quelques voix fortes faire dérailler le processus », a-t-il ajouté.

« PRÊT À PARTIR »

Un diplomate de la High Ambition Coalition, qui regroupe des dizaines de pays en quête d’un accord solide, a fait écho à ce sentiment.

« Nous sommes un grand groupe qui s’unit autour d’éléments clés et efficaces et se prépare à se retirer », a-t-il déclaré à l’AFP, s’exprimant sous couvert d’anonymat pour discuter des délibérations à huis clos.

Il a averti que « certains pays » envisageaient activement de convoquer un vote, ce qui contournerait l’approche traditionnelle de l’ONU consistant à un accord par consensus et pourrait « faire sourciller beaucoup ».

Il s’agit d’une possibilité de plus en plus discutée comme « dernier recours », a déclaré JM Bope Bope Lapwong de la République démocratique du Congo.

« Je pense que si nous n’arrivons pas à trouver un accord, nous serons obligés d’aller voter. Nous ne pouvons pas faire tout ce chemin, tous ces kilomètres, pour échouer », a-t-il déclaré à l’AFP.

« C’est vrai, ce n’est pas la manière habituelle lors des réunions de l’ONU, et nous le ferons à notre grande honte, car quand on négocie, on ne s’attend pas à tout gagner. »

Plus de 90 % du plastique n’est pas recyclé, alors que la production de plastique devrait tripler d’ici 2060.

Les groupes environnementaux ont poussé les pays ambitieux à voter si les progrès s’arrêtent, arguant que des pays comme l’Arabie saoudite et la Russie n’ont proposé aucun compromis lors des négociations.

Aucune des deux délégations n’a répondu aux demandes répétées de commentaires de l’AFP.

« Une poignée de gouvernements… regardent en arrière et refusent de prendre les mesures nécessaires pour que nous puissions tous avancer », a déclaré Graham Forbes de Greenpeace.

« Je pense que nous sommes actuellement à un moment très risqué d’être vendus, et ce serait une catastrophe absolue. »

Mais les observateurs ont averti que convoquer un vote serait une stratégie risquée qui pourrait même éloigner certains pays favorables à un traité fort.

Une autre option serait que le diplomate présidant les négociations se contente de parvenir à un accord malgré les objections d’une poignée de récalcitrants, ont-ils déclaré.

Mais cela comporte également des risques, susceptibles d’envenimer le processus diplomatique restant et de compromettre l’adoption d’un traité à terme.

« Nous ne voulons pas sortir du cadre des Nations Unies », a déclaré un responsable du ministère français de l’Environnement.

« Nous espérons trouver un accord d’ici demain et c’est cette option sur laquelle nous nous concentrons », a-t-il ajouté.

« Beaucoup de choses peuvent arriver en 24 heures. »