Les États-Unis renoncent à expulser un ressortissant salvadorien vers le Ghana

Maria

Kilmar Abrego García

Le gouvernement des États-Unis a annulé son projet d’expulser le ressortissant salvadorien Kilmar Abrego Garcia vers le Ghana suite à la ferme résistance des autorités ghanéennes.

Le ministre des Affaires étrangères Samuel Okudzeto Ablakwa a annoncé vendredi que le Département américain de la Sécurité intérieure avait officiellement reconnu le refus du Ghana et prenait des mesures pour modifier les documents juridiques afin de refléter un changement dans la destination d’expulsion de Garcia.

Ce revirement fait suite à de longues discussions avec les autorités américaines au cours desquelles le Ghana a clairement indiqué qu’il n’accepterait pas l’expulsion de Garcia, dans la mesure où un tel arrangement n’était couvert par aucun accord existant entre les deux pays. L’affaire avait suscité une inquiétude généralisée parmi les Ghanéens qui craignaient que les États-Unis exploitent les accords d’expulsion pour envoyer des ressortissants étrangers sans lien avec le Ghana.

« Nous sommes heureux de constater que notre refus d’accepter Abrego Garcia a été dûment reconnu et respecté par le département américain de la Sécurité intérieure », a déclaré Ablakwa dans un message sur les réseaux sociaux le 11 octobre 2025.

Le ministre a ajouté que le DHS avait pris les mesures appropriées pour informer les avocats de Garcia et modifier les arguments du tribunal afin de refléter que le Ghana ne pouvait pas être une option pour son expulsion. Il a souligné que l’administration Mahama reste déterminée à protéger la souveraineté du Ghana et à agir dans le meilleur intérêt de ses citoyens.

Garcia, qui a été au centre d’une saga complexe d’expulsions, avait déjà été expulsé vers le Salvador en mars 2025, ce que les autorités américaines ont reconnu plus tard comme une erreur administrative. Il a été renvoyé aux États-Unis en juin 2025 à la suite d’ordonnances judiciaires et a depuis été inculpé dans le Tennessee pour trafic d’êtres humains, pour lesquels il a plaidé non coupable.

Le ministère de la Sécurité intérieure avait initialement informé Garcia jeudi de son intention de l’expulser vers le Ghana, déclenchant une réaction immédiate de la part des autorités ghanéennes. L’agence a ensuite déclaré à ses avocats que l’avis était prématuré, signalant un retrait du plan controversé.

Ablakwa avait exprimé sans ambiguïté la position du Ghana dans des déclarations précédentes, affirmant que le pays n’acceptait pas Garcia et que cela avait été directement transmis aux responsables américains. Lors de ses interactions avec les autorités américaines, le ministre a clairement indiqué que la coopération du Ghana sur les questions d’expulsion légitimes ne s’étendrait pas à l’acceptation de ressortissants de pays tiers.

Cette évolution a soulagé de nombreux Ghanéens qui ont exprimé leur inquiétude sur les réseaux sociaux et dans le discours public quant aux implications d’un tel précédent. Les critiques se sont demandé pourquoi le Ghana accepterait un ressortissant salvadorien n’ayant aucun lien apparent avec le pays, en particulier s’il fait l’objet de graves allégations criminelles.

Cette affaire s’inscrit dans le cadre d’une campagne plus large de répression de l’immigration menée par le président américain Donald Trump, qui a donné lieu à des efforts d’expulsion agressifs ciblant des individus présumés affiliés à des gangs ou ayant un casier judiciaire. Cependant, l’approche de l’administration s’est heurtée à des contestations juridiques et à la résistance diplomatique de divers pays peu disposés à accepter des expulsés qui ne sont pas leurs ressortissants.

Le Ghana maintient un accord d’expulsion avec les États-Unis qui couvre les ressortissants ghanéens renvoyés d’Amérique, mais les responsables ont clairement indiqué que cet accord ne s’étend pas à l’acceptation de ressortissants de pays tiers. La position ferme du gouvernement dans cette affaire démontre sa volonté d’affirmer sa souveraineté en matière d’immigration malgré les pressions d’un partenaire diplomatique majeur.

Ablakwa a souligné que l’administration Mahama continuera à être transparente et honnête envers les Ghanéens à tout moment sur des questions aussi sensibles. Le succès de la résistance au projet d’expulsion sera probablement considéré comme une victoire diplomatique du gouvernement.

La déclaration du ministre n’a pas précisé où Garcia pourrait finalement être expulsé, et les autorités américaines n’ont pas annoncé publiquement une destination alternative. Les procédures judiciaires entourant le cas de Garcia sont en cours devant les tribunaux américains.