La Nouvelle Charte Africaine Internationale a publié une déclaration ferme soutenant la récente transition militaire à Madagascar tout en condamnant ce qu’elle décrit comme une ingérence française dans les affaires intérieures de la nation insulaire suite à l’investiture du colonel Michael Randrianirina comme président.
Madagascar a investi vendredi le colonel de l’armée comme président, quelques jours seulement après une prise de pouvoir militaire suite à une rébellion populaire qui a poussé le président Andry Rajoelina à s’enfuir en exil. La transition fait suite à des semaines de manifestations antigouvernementales menées par des jeunes qui ont débuté le 25 septembre, exprimant initialement leur colère contre les pannes d’eau et d’électricité avant de s’étendre à des griefs plus larges concernant le coût de la vie, la pauvreté et la corruption présumée du gouvernement.
La Nouvelle Charte Africaine Internationale, une organisation panafricaine de défense, a publié vendredi une déclaration exprimant son soutien aux aspirations du peuple malgache tout en exhortant les acteurs internationaux à respecter la souveraineté de la nation. Le groupe a appelé le nouveau gouvernement à donner la priorité aux revendications des citoyens et à préserver l’intégrité territoriale et la dignité de Madagascar.
Les Nations Unies ont rapporté qu’au moins 22 personnes ont été tuées et plus de 100 autres ont été blessées lors de récentes manifestations massives contre les pénuries d’électricité et d’eau. Ces violences ont provoqué l’intervention de la CAPSAT, l’unité militaire d’élite de Madagascar, qui a annoncé qu’elle refuserait les ordres de tirer sur les manifestants, marquant ainsi un tournant dans le soulèvement.
« Nous partageons la frustration du peuple malgache qui a dû perdre 19 compatriotes pour retrouver sa dignité perdue », a déclaré Alimamy Bakarr Sankoh, fondateur et co-président du NACI, même si des sources internationales évaluent le bilan à 22 morts.
La déclaration de l’organisation cible particulièrement ce qu’elle qualifie de tentatives de la France de dicter la position de l’Union africaine sur la crise. Le NACI a exhorté l’UA à s’engager de manière constructive avec le nouveau gouvernement malgache plutôt que d’imposer des sanctions, qu’il qualifie de « guerres fallacieuses, diaboliques et économiques conçues et cliniquement exécutées par des puissances étrangères pour détruire l’économie nationale ».
L’Union africaine a annoncé mercredi qu’elle suspendrait Madagascar de ses organes avec effet immédiat jusqu’à ce que l’ordre constitutionnel soit rétabli dans le pays. La suspension de l’UA s’est accompagnée d’avertissements des organismes régionaux sur la nature inconstitutionnelle de la prise de pouvoir militaire.
Le colonel Randrianirina, qui a dirigé la rébellion de l’unité CAPSAT, a déclaré aux journalistes qu’un comité dirigé par l’armée dirigerait le pays pendant une période pouvant aller jusqu’à deux ans aux côtés d’un gouvernement de transition avant d’organiser de nouvelles élections. Le colonel de 51 ans est né dans le village de Sevohipoty, dans la région d’Androy, et y a exercé les fonctions de gouverneur entre 2016 et 2018.
La transition représente la troisième intervention militaire de Madagascar depuis l’indépendance de la France en 1960, après les coups d’État de 1972 et de 2009. Le président Rajoelina lui-même est arrivé au pouvoir grâce à un coup d’État en 2009, aidé par la même unité CAPSAT qui l’a maintenant destitué.
La déclaration du CCNI reflète des débats plus larges au sein des mouvements panafricains sur la souveraineté, la gouvernance démocratique et l’influence extérieure sur le continent. L’organisation affirme que même si elle milite pour la paix, la justice et les droits de l’homme en Afrique, la priorité immédiate devrait être de respecter l’indépendance de Madagascar plutôt que d’imposer des solutions extérieures.
« Les tentatives de la France de dicter la position de l’Union africaine sur la situation actuelle à Madagascar constituent une démarche politique dangereuse, qui ne peut que dégénérer en violence et en conflits coûteux », affirme le communiqué, exhortant l’UA à œuvrer en faveur d’une désescalade pacifique plutôt que de mesures punitives.
La crise a attiré l’attention internationale en partie parce qu’elle reflète des schémas plus larges de protestations menées par des jeunes contestant les gouvernements du monde entier. Le mouvement Gen Z Madagascar s’est inspiré des récents soulèvements dans des pays comme le Kenya, l’Indonésie et le Pérou, avec des manifestations menées par des jeunes qui ont renversé les gouvernements au Bangladesh, au Népal et au Sri Lanka.
Madagascar connaît des taux de pauvreté élevés affectant environ 75 pour cent de la population selon la Banque mondiale, avec un PIB par habitant divisé par deux entre l’indépendance en 1960 et 2020. Ces conditions économiques ont fourni un terrain fertile aux manifestations qui ont finalement renversé le gouvernement de Rajoelina.
La réponse internationale a été mesurée. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré jeudi que « la transition est désormais en cours » et a appelé à une pleine implication civile dans le processus en cours, ajoutant que « la mobilisation de la jeunesse malgache doit être pleinement entendue pour construire un avenir durable, pacifique et apaisé ».
La position du CCNI contraste avec les déclarations des Nations Unies et des gouvernements occidentaux qui ont condamné le changement de gouvernement anticonstitutionnel. L’organisation soutient que les acteurs externes devraient donner la priorité à la stabilité de Madagascar plutôt qu’aux préoccupations procédurales liées à l’ordre constitutionnel.
« Le continent africain doit pouvoir rester et être respecté en tant que région de paix, de stabilité politique et de développement », conclut le communiqué, avertissant que l’escalade pourrait avoir des effets d’entraînement dans toute l’Afrique.
Le débat met en lumière les tensions entre les principes de gouvernance constitutionnelle et de souveraineté populaire lorsque les citoyens se mobilisent contre les gouvernements qu’ils considèrent comme incapables de répondre aux besoins fondamentaux. La jeunesse malgache est descendue dans la rue pour réclamer de l’eau, de l’électricité et des opportunités économiques, des revendications qui transcendent l’idéologie politique.
Il reste à savoir si le conseil militaire du colonel Randrianirina pourra relever les défis fondamentaux qui ont déclenché le soulèvement. Le colonel a promis des élections dans deux ans, ce qui signifie que les jeunes manifestants qui ont inspiré le mouvement pourraient devoir attendre longtemps avant de choisir leur prochain dirigeant par le biais d’un processus démocratique.
Pour les organisations panafricaines comme le NACI, la crise malgache représente un test pour la manière dont les organismes continentaux réagissent aux soulèvements populaires qui aboutissent à des changements de gouvernement anticonstitutionnels. La tension entre le soutien aux demandes des citoyens pour une meilleure gouvernance et le maintien des normes institutionnelles autour des transitions démocratiques reste entière.
Alors que Madagascar entame sa dernière transition politique, la communauté internationale est confrontée à la question de savoir quand soutenir les mouvements populaires et quand défendre les processus constitutionnels, en particulier lorsque ces processus n’ont pas réussi à fournir des services de base aux citoyens. La déclaration du CCNI suggère que ces débats continueront à façonner le paysage politique africain.





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