

Par: getahun tsegaye
Journaliste
Addis-Abeba, – Un déficit de financement dévastateur oblige le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (WFP) à prendre une décision douloureuse de suspendre le traitement nutritionnel vital pour des centaines de milliers de femmes et d’enfants en Éthiopie.
Dans un communiqué publié mardi, le PAM a confirmé qu’à partir de mai, il arrêtera le traitement de la malnutrition pour 650 000 personnes, avec 3,6 millions supplémentaires au bord de la perte de soutien alimentaire vital.
Le directeur du pays du WFP, Claude Jibidar Milisic, a averti que sans financement urgent, «nous aurons de graves conséquences», notant que l’agence a déjà été contrainte de réduire les rations ces derniers mois. « Nous n’avons laissé pas le choix que de suspendre cette semaine pour 650 000 femmes et enfants de malnutrition – simplement parce que nous avons manqué de produits de base et de financement », a déclaré Milisi lors d’un point de presse à Genève via la vidéo d’Addis-Abeba, Reuters rapporté.
Selon un porte-parole du PAM, les individus qui ont été coupés de l’aide sont dispersés dans plusieurs régions, y compris les territoires du Nord touchés par le conflit de Tigray et Afar. L’agence recherche activement des fonds supplémentaires pour reprendre les traitements nutritionnels et les distributions alimentaires. Milisic a en outre averti que si l’écart de financement n’est pas réduit d’ici juin, des millions d’autres – dont déjà sous traitement pour la malnutrition – seront laissés sans soutien.
La crise de financement intervient à un moment où les conditions sur le terrain se détériorent rapidement. À Amhara, l’escalade des conflits entre les forces fédérales et les milices locales a entraîné un déplacement généralisé, une perturbation des cycles agricoles et des établissements de santé fermés. Les affrontements armés et les blocages ont non seulement coupé les itinéraires d’aide, mais aussi le personnel humanitaire en danger. Selon les travailleurs humanitaires, les districts entiers sont devenus inaccessibles, laissant des milliers de familles sans nourriture ni soins médicaux.
Pendant ce temps, les régions somaliennes, Oromia, Tigray et Afar luttent contre les crises de choc climatique et les impacts à long terme de la guerre. Dans de nombreux domaines, des sécheresses consécutives ont tué le bétail, séché des sources d’eau et des communautés agricoles dévastées.
Partout au pays, plus de 10 millions d’Éthiopiens sont désormais peu sûrs de nourriture, dont plus de trois millions de personnes déplacées par la violence ou les catastrophes naturelles. Composant la crise, l’Éthiopie accueille 800 000 réfugiés, dont 100 000 qui ont fui la guerre au Soudan. Le PAM prévoit que la violence continue dans le nord-est du Soudan du Sud pourrait pousser 10 000 réfugiés supplémentaires en Éthiopie dans les prochaines semaines.
Le PAM dit qu’il fait maintenant face à un écart de financement stupéfiant de 222 millions de dollars d’avril à septembre 2025. Si un financement supplémentaire n’arrive pas, les opérations seront réduites, y compris la suspension de l’aide alimentaire pour un million de réfugiés d’ici juin.
« Si nous n’obtenons pas un soutien urgent, nous n’aurons d’autre choix que de réduire ou d’arrêter les opérations dans de nombreux domaines », a averti l’agence. « Les conséquences pour ceux qui vivent déjà à la limite sont impensables. »
Au premier trimestre de 2025, la PAM a fourni une assistance à plus de trois millions de personnes, notamment un traitement nutritionnel pour 740 000 femmes et enfants, des bons d’aliments frais pour 50 000 familles et des repas scolaires quotidiens pour près d’un demi-million d’enfants. Mais avec l’augmentation de l’insécurité et un écart croissant entre les besoins humanitaires et les ressources disponibles, les responsables du PAM disent que même ces programmes sont en danger.
Au milieu de cette crise approfondie, les efforts humanitaires sont de plus en plus paralysés par la violence et l’anarchie. À Amhara et dans certaines parties d’Oromia, les camions d’aide ont été détournés, les entrepôts pillets et le personnel forcé d’évacuer.
Alors que l’Éthiopie s’approche pour une autre sécheresse dans le sud-est, le PAM fait appel à la communauté internationale pour agir rapidement.
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