Le cas de Fanit Balem Wasse et la crise des crimes de guerre dans la région d’Amhara en Éthiopie

Maria

Par Caleb Ta. (Dr.)
Chercheur indépendant en affaires politiques africaines ; Défenseur des droits de l’homme

Abstrait

La mutilation présumée d’un jeune de 19 ans Fanit Balem Wasséune femme membre de la Force nationale Amhara Fano (AFNF), par des soldats de la Force de défense nationale éthiopienne (ENDF), a déclenché l’indignation nationale et renouvelé l’examen minutieux de l’adhésion de l’Éthiopie aux droit international humanitaire (DIH). Selon des sources de Fano, le corps de Wasse a été profané après sa capture : sa poitrine mutilée et exposée publiquement (Amhara People’s Freedom Front [AFPF]2025). Le gouvernement éthiopien n’a fait aucun commentaire, tandis que les organisations de défense des droits humains restent silencieuses face aux restrictions d’accès aux zones de conflit. Cet article examine les allégations à travers le prisme du DIH, en se concentrant sur la protection des personnes. hors de combatl’interdiction de l’usage inutile de la force et le traitement humain des captifs et des morts. S’appuyant sur des instruments juridiques internationaux, des rapports sur les droits de l’homme et des normes d’enquête médico-légale, il situe l’affaire dans un schéma plus large d’abus systémiques dans la région d’Amhara. S’il est vérifié, cet acte constitue un crime de guerre sous le Conventions de Genève et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

Introduction

La guerre civile en Éthiopie est entrée dans une phase plus sombre et plus brutale. Depuis plus de deux ans, les forces fidèles au Premier ministre Abiy Ahmed mènent une campagne tous azimuts contre la population Amhara, marquée par bombardements de drones, arrestations massives et déplacements forcés (Human Rights Watch, 2024). Ce qui a commencé comme une contre-insurrection a évolué vers ce que beaucoup décrivent comme une guerre d’identité et de survie.

Parmi les nombreuses victimes, un nom est devenu symbole à la fois de courage et d’atrocité : Fanit Balem Wasséun commando de 19 ans de la Force nationale Amhara Fano (AFNF). Les rapports indiquent qu’elle a été capturée vivante après avoir été blessée lors d’affrontements à Gojjam. Des témoins affirment que des soldats éthiopiens déshabillé, torturé et mutilé son corpsle laissant sur la route tandis que des soldats dansaient autour – un spectacle grotesque de triomphe sur la cruauté (AFPF, 2025).

Avant la guerre, Wasse était un brillant étudiant de Mankoussadans l’ouest du Gojjam. Son rêve d’aller à l’université a été interrompu par la répression gouvernementale contre les communautés Amhara. Faisant face à des arrestations massives et à des ordres de désarmement, elle a rejoint le Résistance Fanomotivée par ce qu’elle considérait comme un devoir moral de défendre son peuple – une décision qui finirait par conduire à sa mort (BBC News, 2023 ; Al Jazeera, 2024).

Le gouvernement éthiopien et l’ENDF n’ont publié aucune déclaration. Les principales organisations de défense des droits humains, contraintes par la censure et le manque d’accès aux zones de conflit, sont également restées silencieuses (Bureau des Nations Unies pour les droits de l’homme, 2024). Si elle est vérifiée, la mutilation de Wasse représente non seulement une crime de guerre mais aussi un effondrement moral et civilisationnel au sein d’un État autrefois connu pour son profond respect culturel pour l’honneur et la dignité humaine.

La destruction de la richesse d’une nation et le coût humain de la guerre

Le conflit dans la région d’Amhara a dévasté les fondements économiques, sociaux et moraux de l’Éthiopie. Les infrastructures, l’agriculture et l’éducation se sont effondrées sous les offensives, les blocus et les déplacements continus. Comme l’a déploré un dirigeant local : « La richesse du royaume a été détruite par la rébellion ».

Mais ces destructions vont au-delà des pertes matérielles. Cela a corrodé le système éthiopien tissu éthique et juridique. La mutilation de Fanit Wasse constitue une métaphore grotesque d’un État qui a tourné ses armes non seulement contre le corps de ses citoyens mais aussi contre la conscience de la nation. Cela expose un gouvernement qui s’est éloigné de sa boussole morale, remplaçant la justice par la vengeance et l’ordre par la terreur.

Fanit Balem Wasse : L’incident et sa symbolique

Selon le Front de liberté du peuple Amhara (2025)Wasse fut exécuté et mutilé après sa capture. Leur rapport indique :

« Les forces gouvernementales ont dépouillé le corps de Fanit Balem, ont sorti un couteau, lui ont mutilé la poitrine, l’ont écorchée et l’ont jetée sur la route asphaltée. »

Les dirigeants de Fano ont déclaré cet acte comme étant un violation flagrante des Conventions de Genève :

« Sans parler d’un cadavre, les soldats capturés doivent être traités humainement et remis à des organisations humanitaires comme la Croix-Rouge. »

En revanche, les forces de Fano auraient transféré 16 soldats gouvernementaux blessés au camp. Comité international de la Croix-Rouge (CICR) (2025), soulignant leur engagement déclaré envers les normes humanitaires.

L’image du corps profané de Wasse, largement diffusée sur les réseaux sociaux, a enflammé chagrin et indignation nationale. Son nom est depuis devenu un cri de ralliement pour la résistance Amhara et un symbole obsédant de la violence sexiste et de l’effondrement moral de l’État éthiopien. Comme George (2025) l’a observé dans ses réflexions de terrain sur le front de Fano : « Dans sa mort, la conscience d’une nation a été déchirée ».

Droit international humanitaire et protection des personnes Hors de combat

Le droit international humanitaire offre des protections explicites aux personnes classées comme hors de combat — les blessés, malades ou capturés qui ne participent plus aux hostilités (Convention de Genève I, 1949, art. 15 ; Protocole additionnel I, 1977, art. 41). Ces personnes doivent être traitées humainement, bénéficier de soins médicaux et être protégées de la violence.

Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (1998) identifie la mutilation et l’humiliation de personnes telles que crimes de guerre en vertu de l’article 8, paragraphe 2, point b), xxi). De même, l’article 34 du Protocole additionnel I interdit la spoliation ou la mutilation des morts.

En prétendument mutilant et exhibant le corps de Wasse, les soldats de l’ENDF auraient violé ces dispositions, commettant «atteintes à la dignité de la personne», tel que défini sous Article 3 commun des Conventions de Genève. Ces actions contreviennent également aux obligations de l’Éthiopie en vertu du Charte des Nations Unies (Art. 55-56) et le Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (Art. 4 à 5).

De telles violations érodent non seulement l’ordre juridique mais aussi la légitimité morale de l’État éthiopien. Un gouvernement qui profane le corps de ses propres citoyens a franchi le seuil de la gouvernance vers la barbarie.

Le schéma plus large : crimes de guerre et torture en Éthiopie

Le gouvernement éthiopien a fait face à des accusations répétées de crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans les régions d’Amhara et d’Oromia (Amnesty International, 2022 ; Human Rights Watch, 2024 ; Département d’État américain, 2024). Les abus documentés comprennent l’exécution de civils et d’enfants, la destruction systématique de villages et la violence sexuelle généralisée.

Rapports de prison de Kaliti et Kilinto décrivent la torture, le refus de soins médicaux et l’obstruction de l’accès légal des détenus (Human Rights Watch, 2023). Dans ce contexte, le meurtre et la mutilation de Wasse s’inscrivent dans le cadre d’une modèle de déshumanisation et le effondrement de la responsabilité.

Il ne s’agit pas simplement d’un échec de la discipline militaire, mais d’un problème plus profond. corrosion morale dans lequel la violence devient normalisée et le monopole de l’État sur la force se transforme en instrument de terreur.

Normes médico-légales et impératif de vérité

Pour que la justice émerge, vérification médico-légale indépendante est essentiel. Une enquête crédible doit comprendre :

  • Autopsie médico-légale et documentation photographique selon des protocoles de chaîne de traçabilité vérifiés ;
  • Géolocalisation et analyse des métadonnées des images diffusées ;
  • Entretiens avec des témoins tenant compte des traumatismes ; et
  • Surveillance par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et le CICR.

Sans une telle enquête, la vérité reste vulnérable à la manipulation. Pourtant, le silence du gouvernement – ​​au milieu d’un bilan établi de violations des droits humains – ne fait que renforcer la plausibilité des allégations et aggraver la crise morale de la nation.

Conclusion : la justice exige la vérité

Le cas de Fanit (Balem) Wasse transcende le domaine de la tragédie personnelle pour incarner l’effondrement moral et humanitaire qui engloutit l’Éthiopie. Sa prétendue capture, mutilation et profanation – si elles sont vérifiées – constituent une grave crime de guerre et une rupture profonde dans les codes historiques de la nation en matière d’honneur, de justice et de retenue dans la guerre. De tels actes portent atteinte aux fondements mêmes du droit international humanitaire et aux normes universelles qui protègent la dignité humaine, même en cas de conflit.

Laisser ces violations passer sans enquête porte atteinte à l’État de droit et encourage de futures atrocités. Le silence du gouvernement éthiopien et de la communauté internationale perpétue une situation dangereuse. culture de l’impunitésignalant aux victimes comme aux auteurs que la justice est négociable. Ce silence, plus que l’acte lui-même, marque un effondrement moral plus profond.

Nous avons donc exhortons les Nations Unies et l’Union africaine remplir leurs mandats en vertu de la Charte des Nations Unies et de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples en lançant un mission d’enquête internationale crédible, impartiale et dotée de ressources suffisantes. Ce n’est que grâce à des enquêtes transparentes et à la responsabilisation que la confiance pourra être restaurée, l’impunité réduite et les droits de tous les Éthiopiens – quelle que soit leur affiliation – respectés en vertu du droit international.

La justice commence par la vérité. Et la vérité commence par le courage de nommer les morts et de dénoncer les mains qui les profanent. L’héritage de Fanit (Balem) Wasse perdure donc non seulement comme un appel à la justice, mais aussi comme un appel moral à toutes les nations : affronter les atrocités avec courage et défendre l’humanité avant qu’elle ne soit entièrement perdue.

Note de l’éditeur : les opinions exprimées dans l’article ne reflètent pas nécessairement celles de Togolais.info.

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