La Somalie accuse l’Éthiopie de trafic d’armes vers le Jubaland

Maria

Ahmed Moalim Fiqi, Ministre somalien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (Photo : Depuis le Web)

Toronto – Le gouvernement de Hassan Sheikh Mohamud à Mogadiscio accuse l’Éthiopie d’expédier des armes à feu au Jubaland, membre du gouvernement fédéral de la Somalie, dans le sud.

Il a indiqué que deux avions éthiopiens étaient entrés à Kismayo, une ville portuaire du sud de la Somalie, au cours des dernières semaines, transportant des armes à feu illégales.

Cette allégation intervient à un moment où les tensions entre le Jubaland et le gouvernement fédéral de Mogadiscio se sont intensifiées. Au cours des dernières semaines, le Jubaland a émis un mandat d’arrêt contre Hassan Sheikh Mohamud après que le gouvernement de Mogadiscio a émis un mandat similaire contre Ahmed Madobe, récemment réélu président du Jubaland pour un troisième mandat.

La Somalie allègue également que les avions ont transporté le vice-président du Jubaland, Mahmud Seiyd Aden, vers l’Éthiopie. Il considère les actions de l’Éthiopie comme faisant partie d’une démarche visant à déstabiliser le pays en soutenant les groupes armés et en contrôlant la région de Gedo.

Selon un reportage de la BBC en amharique publié lundi, la Somalie s’est engagée à défendre son intégrité territoriale si l’Éthiopie continue de « violer » la souveraineté somalienne et à prendre des mesures contre les individus collaborant avec le gouvernement éthiopien.

La Somalie accuse l’Éthiopie de démarches d’expansion territoriale après que cette dernière a signé un protocole d’accord avec le Somaliland en janvier 2024. Lorsque l’accord sera finalisé, l’Éthiopie obtiendra 20 kilomètres de terres côtières sur une base de location pendant 50 ans. Ce que le Somaliland obtiendra en retour reste flou, à l’exception d’une éventuelle reconnaissance en tant que pays libre – ce que l’Éthiopie n’a pas encore confirmé.

Bien que le Somaliland ait récemment tenu ses cinquièmes élections générales, largement considérées comme démocratiques et équitables, la Somalie le considère comme faisant partie intégrante de son territoire. Le Somaliland rejette cette revendication et affirme son indépendance, qu’il a déclarée en 1991 après s’être séparé de Mogadiscio.

La tension entre l’Éthiopie et la Somalie s’est intensifiée sous diverses formes. Entre autres facteurs, cela a donné à l’Égypte l’occasion de poursuivre ses intérêts géostratégiques dans la région, en jouant sur les préoccupations de souveraineté de la Somalie. Outre l’Égypte, l’Érythrée a rejoint la cause de la « souveraineté » de la Somalie. En octobre 2020, les trois pays ont conclu un accord tripartite, mais le président érythréen Isaias Afwerki a récemment nié que l’alliance soit anti-éthiopienne.

Des rapports récents ont fait état d’une initiative du gouvernement kenyan de servir de médiateur entre les deux pays. Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a annoncé son acceptation des pourparlers sous la médiation du Kenya. Cependant, on ne sait toujours pas si Mogadiscio – qui exige la révocation du mémorandum d’accord comme condition préalable au dialogue – a accepté de participer aux pourparlers.

L’Éthiopie n’a pas encore commenté les dernières accusations de la Somalie.

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