Par Samuel Estefanous
(estefanoussamuel@yahoo.com)
J’écris ceci dans le contexte de la prétendue croissance économique de 8,1 % enregistrée par le pays et en sachant que Fitch a rehaussé la notation du crédit souverain de l’Éthiopie de –CCC à +CCC. Je fais partie de cette classe d’optimistes nés qui ont tendance à voir le verre à moitié plein et pas nécessairement à moitié vide. Mais la réalité sur le terrain est tellement en contradiction avec le tableau rose dépeint par le gouvernement que je préfère considérer la qualité de vie qui se détériore à un rythme incroyablement rapide autour de moi comme un facteur avec lequel il faut tenir compte. Je préférerais faire des parallèles avec les paramètres neutres de l’ONU pour mesurer la pauvreté, comme les OMD. Et les récents chiffres publiés par Afro-Baromètre.
Sinon, la seule logique raisonnable qui pourrait expliquer la croissance parallèle de la pauvreté et une croissance économique régulière est la création d’une nouvelle classe riche et sale bénéficiant exclusivement de l’aubaine. Les théories de Milovan Djilas sont toujours valables si l’on veut vraiment connaître la vérité. Les changements dans un système de gouvernement ont tendance à créer une nouvelle classe à moins qu’ils ne soient contrôlés.
1- Un flash-back
Quelques mois après que le Dr Abiy ait accédé au poste de Premier ministre, certains partisans commençaient déjà à se méfier. Je ne fais pas référence uniquement aux têtes brûlées groupies qui s’était déchaîné par la suite en se bousculant pour prendre une balle imaginaire visant le premier ministre. Nous nous souvenons tous de la façon dont ces drôles de dévots poursuivaient tous ceux qui ne partageaient pas leur enthousiasme brut.
C’était avant la guerre du Tigré. C’était à l’époque où la solide base de soutien du Premier ministre se trouvait encore dans la zone de langue amharique du pays. C’était avant le lancement des projets d’héritage qui divisent. C’est à ce moment-là que le Premier ministre a été accueilli comme une rock star au stade de Mekelle. C’est à ce moment-là que le premier ministre a pu se rendre à Gondar pour s’adresser à une foule en colère mais accueillante et la charmer avec des mots chaleureux comme :Je ne suis pas irréprochable, je suis susceptible de faire des erreurs, mais quand je le fais, je suis sûr qu’un fils autochtone, Gondarines, me redirigerait vers l’arrière et ne me jugerait pas. C’est à ce moment-là que les péchés accumulés de l’EPRDF ont été présentés au public sans aucune apparence de réserve et que la seule défense que les coupables pouvaient proposer était…nous étions dedans tous ensemble.
Cependant, certains points ne se connecteraient pas simplement. La révolution de velours était clairement et présentement menacée. Les déclarations hyperboliques accompagnent certainement les transitions majeures et elles ne sont guère prises au pied de la lettre. Pourtant, cette fois-ci, certaines déclarations ont commencé à figer maladroitement nos sourires polis sur nos visages. Le patriotisme a été porté à un niveau supérieur en des termes tels que « Je suis un accro du nationalisme éthiopien » par les mêmes détracteurs qui le ridiculisaient quelques mois auparavant.
Craignant que la révolution de velours ne devienne rouge sang ou qu’elle ne soit détournée par la vieille garde, certaines personnes ont commencé à écrire des articles pour la défense du Dr Abiy. Nous avions des raisons de paniquer. Dans ce pays, on a tendance à gâcher les acquis d’une révolution prometteuse et sans effusion de sang. Dergue s’était engagé à effectuer un changement de régime sans verser une goutte de sang. Mais il finit par se noyer dans son bassin. Pour ma part, j’en ai écrit des dizaines et j’ai soutenu que je soutenais le premier ministre non pas pour son érudition dans l’école de pensée classique, ni pour sa sage flexibilité bureaucratique, ni pour son sens aigu de l’économie, de son génie militaire ou de sa finesse diplomatique, mais parce qu’il était l’un des nôtres. C’est quelqu’un avec qui tout Éthiopien ordinaire pourrait facilement s’identifier. Le plus important est qu’il n’est pas l’héritier de la malédiction démographique des années 70 et que nous pensions qu’il serait immunisé contre le malaise concomitant de cette génération.
Malheureusement, nous sommes laissés à la dérive sur des morceaux d’optimisme brisé et nous nous y accrochons pour la vie.
2 – Un repas carré trois fois par jour
Dans une insinuation à peine voilée, le Dr Abiy a tenté de se moquer de l’objectif de toute une vie d’Ato Meles : s’assurer que les Éthiopiens aient un repas complet trois fois par jour. Pas de jargon fantaisiste. Aucune prétention de faire de l’Éthiopie le tigre rugissant de la corne, juste une humble promesse de voir des citoyens à moitié affamés manger à leur faim. Même si je suis enclin à le faire, je n’ai rien trouvé dans mon instinct qui me permette de douter de la sincérité de ces mots. Dans un pays où les trois quarts de ses citoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté – comme l’Afro Barometer et les agences des Nations Unies l’ont rendu public – l’effort cumulé de toutes les activités publiques aurait dû être d’atteindre finalement cet objectif qu’Ato Meles avait brièvement résumé en quelques mots. .
Lorsque le Dr Abiy a fait cette déclaration malheureuse, je ne pense pas qu’il ait réalisé qu’il se moquait en fait de 87 millions d’Éthiopiens. Bien sûr, il comptait sur l’hypothèse durable que le public réagirait avec des acclamations explosives à toute contre-mesure ou déclaration contre Ato Meles. Pour ma part, je n’avais pas envie de l’encourager. Pour aggraver les choses, il a tenté d’expliquer son objection en recourant à une parabole religieuse selon laquelle l’homme n’est pas soutenu uniquement par l’injera. Je veux dire, comment un premier ministre laïc nous promettant des perspectives infinies de prospérité avec un visage impassible pourrait-il nous dire que la prospérité est en réalité dans nos têtes respectives. Pour cela, nous avons une armée de faux, de drogués, de psys et de conférenciers motivateurs qui escroquent le public sans vergogne.
Je suis certain qu’il avait regretté d’avoir prononcé ces mots alors qu’il parlait plus tard de la garantie de la « souveraineté alimentaire » en termes si inspirants. Voyez-vous, le monde s’est mis d’accord sur les facteurs qui qualifient un être humain vivant dans des conditions inaptes à la dignité de la personne humaine. À cet égard, je ne comprends tout simplement pas comment la Commission du Plan classe les priorités. Je ne suis pas spécialisé en économie, mais nous avons appris le sujet juste assez pour comprendre que les ressources sont rares, les demandes sont illimitées et que la sagesse réside dans l’exploitation des ressources limitées de manière à tirer le maximum de dividendes des dépenses. Sinon, qui, sensé, déteste voir les quartiers propres et impeccablement rénovés de Piassa ?
Les mesures adoptées par l’ONU ne sont pas des travaux sophistiqués mais la nourriture de base, le logement, l’accès à l’eau potable, la santé de base, la sécurité, etc. Je veux dire que personne ne peut contester les huit objectifs du millénaire pour le développement (OMD) de l’ONU que tous les pays membres avaient convenu et déclaré réalisable.
3-Est-ce que quelque chose déraille ? La faute à l’EPRDF !
Comme il est regrettable que le maire d’Addis soit devenu la matriarche des tueurs de Condo. Je plaisante. Mais blague à part, une chose est sûre. Le Condo n’était pas un projet caritatif. Il n’est pas financé par des donateurs privés ou par des membres du PP. D’après la façon dont le maire parlait, on aurait dit qu’elle et ses acolytes payaient pour sa construction en pénétrant profondément dans leurs comptes privés respectifs. Même si le projet peut être préfinancé par le gouvernement, les propriétaires finiront par payer toutes les dépenses, à l’exception peut-être du terrain et des infrastructures. La terre est une propriété publique, elle ne devrait pas compter et pour les infrastructures, nous payons des impôts. Il n’y a rien de charitable dans le programme. En outre, les projets de logements urbains sont gérés par des capitalistes occidentaux établis, comme les États-Unis et la plupart des gouvernements occidentaux, au cas où Addis tenterait de les supprimer progressivement, en supposant qu’ils ne s’intègrent pas dans l’économie libérale. Et bien faire les choses, l’EPRDF n’a pas eu tort de l’adopter et d’en enregistrer des millions.
À propos, je correspondais avec le récent discours du maire à la mairie avec les vingt-sept questions auxquelles les cadres du PP doivent répondre et réfléchir ; Je ne dis pas qu’elle les rate tous, mais j’ai bien peur qu’elle ne se porte pas bien non plus.
Le fait est… arrêtez de blâmer vos échecs sur le défunt. En fin de compte, si les Condos n’étaient pas distribués aux fonctionnaires, aux personnes expulsées et à titre caritatif par caprice et caprice, le Bureau du Médiateur ne menacerait pas de porter l’affaire devant la Chambre des Représentants du Peuple. En outre, si j’étais un dirigeant de la Banque, je ne continuerais pas à financer cette entreprise, car les fonds sont détournés vers un secteur non autorisé. Dans de tels cas, le portefeuille de crédit d’une banque le signale immédiatement comme une éventuelle dette non performante. Je me demande simplement, maintenant qu’il est devenu habituel d’attribuer la responsabilité des échecs à l’EPRDF, si le PP serait prêt à divulguer les dossiers de ses membres qui n’avaient jamais été membres de l’EPRDF titulaires de cartes ? Au moins si le nombre est effectivement insignifiant, nous serions en mesure de sympathiser dans une certaine mesure.
Que Dieu bénisse.
Note de l’éditeur : les opinions exprimées dans l’article ne reflètent pas nécessairement celles de Togolais.info
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