Par Samuel Estefanous
La récente acrimonie entre les sociétés civiles et le gouvernement du FDRE était attendue. En fait, la lune de miel a duré bien plus longtemps que d’habitude compte tenu des circonstances. Tôt ou tard, les OSC allaient forcément perdre la faveur du gouvernement.
La symétrie des objectifs et de la vision déclarée conjointement en termes si nobles au début de la transition était sincère mais certainement d’une naïveté de la plus grande ampleur. Aucun gouvernement n’accepte le moindre empiètement sur son territoire – non, pas en Afrique. Dans mon esprit, je suis convaincu que le gouvernement a cimenté le partenariat jusqu’à l’issue du 6ème Les élections générales ont été définitivement déterminées et la guerre au Tigré a été réglée à des conditions favorables.
Après cela, le gouvernement s’est demandé : « N’êtes-vous pas en train de prolonger votre accueil ? Vous savez que nous mettons effectivement à la retraite les membres de la Cinquième Colonne, si vous savez ce qui est bon pour vous, battez-le maintenant !’ Ils l’ont un peu fait aussi, n’est-ce pas ? Je veux dire que la « fuite » des dirigeants des organisations de la société civile était dramatique si pas du tout suspect – tant pis pour se battre jusqu’au bout, de toute façon.
1 – Le cas unique du Conseil Consultatif de Justice et des Affaires Juridiques (JLAAC)
Dans le feu de la saison disco de transition (vers le milieu de l’année 2018), près de 200 professionnels du droit bénévoles, rassemblés par 13 éminents lieutenants défenseurs des droits de l’homme, ont contacté le gouvernement pour réviser le programme de réforme du système judiciaire du pays, à titre bénévole.
Ils ont littéralement détourné le mandat des instituts de réforme du secteur judiciaire légitimement établis, dûment établis par les organes compétents du gouvernement. Apparemment, le Conseil a été « créé » par le procureur général de l’époque, mais sa composition, sa structure, sa procédure de travail, son rôle, son mandat, sa responsabilité, son système de reporting, d’examen et de surveillance laissent beaucoup à désirer. Je connais presque par cœur le contre-argument selon lequel il finirait par remettre les projets de loi et les études initiées au bureau du procureur général. Quoi qu’il en soit, il fallait quand même créer le Conseil.
Je veux dire que même un « Conseil présidentiel sur la condition physique » a un semblant d’entité juridique donnant un sens et un but à ses activités. Quoi qu’il en soit, la plupart d’entre nous ont connu l’existence de la JLAAC lorsqu’elle a été entendue par le Premier ministre et que des juristes de renom l’ont informé de l’éventail des réformes juridiques qu’ils avaient l’intention d’entreprendre – de l’introduction de nouvelles perspectives sur les lois concernant les OSC à la révision des lois sur les OSC. le Code de Commerce. La gratitude du directeur général a été très émouvante. On a dit qu’un tel niveau de devoir civique était rarement vu ou entendu parler. J’étais totalement d’accord et, dans une certaine mesure, je le suis toujours.
L’un de leurs projets favoris consistait à réécrire fondamentalement la proclamation régissant les organisations caritatives et les organisations de la société civile. Il s’agit en effet d’une réalisation spectaculaire par excellence. Je veux dire que le ratio 30/70 (frais administratifs maximum déductibles du fonds) a été révisé, les classifications des organismes de bienfaisance et des sociétés ont été rendues sans objet, les ONG ont été désignées comme le fruit de l’exercice du droit constitutionnel de s’organiser, tout comme les syndicats, les OSC ont le droit Pour devenir des « commerçants », à peu près n’importe qui ou entité, domiciliée à l’étranger ou locale, pourrait financer les OSC. Honnêtement, avec un tel niveau de déréglementation, même les ONG occidentales peuvent nous envier, même si nos frères africains pourraient considérer les réformes comme « effrayantes ».
2 – Clause d’agent étranger
À mon avis, je ne pense pas que le gouvernement savait à quoi il s’engageait lorsqu’il a adopté l’amendement. Je ne dis pas qu’il a été trompé ou quelque chose comme ça, mais je ne pense tout simplement pas qu’il était prêt à assumer les effets d’une libéralisation aussi radicale. En l’absence d’un domaine juridique distinct relatif aux lois sur la divulgation publique, n’importe quelle entité, n’importe où dans le monde, peut financer et contrôler une OSC locale comme elle le souhaite et l’Agence ne peut pas faire grand-chose pour l’arrêter. Vous voyez, dans l’état actuel des choses, les OSC ne sont pas agréées ; ils viennent d’être enregistrés et le rôle de l’Agence est réduit à celui d’une étude de notaire.
Je ne nierais pas que dans les démocraties émergentes, les OSC sont à toutes fins pratiques les 5ème branche du gouvernement après les médias. Ils sont capables de provoquer un changement de régime comme ils l’ont fait en Ukraine et en Géorgie. Ce sont des forces puissantes avec lesquelles il faut compter. Il suffit d’observer ce qui se passe aujourd’hui en Géorgie : immédiatement après que le gouvernement a suspendu ses négociations d’adhésion à l’UE, les principales places de Tbilissi ont été inondées de manifestants brandissant toutes sortes de banderoles. L’UE étant un donateur si généreux pour les démocraties émergentes d’Europe de l’Est, réciproquement et en toute honnêteté, elle souhaite disposer d’une sorte de levier pour influencer le gouvernement, sinon comme elle le souhaite dans la mesure où elle en est capable. Il n’est pas étonnant que le jeune Premier ministre géorgien, Irakli Kobakhdize, ait déclaré amèrement que leur situation serait meilleure sans aucune forme de générosité de la part de l’UE.
Je ne pense cependant pas que le gouvernement géorgien va céder. Je pense qu’il a tiré les leçons de sa propre expérience passée ainsi que de celle de son voisin du Nord. Les gouvernements autocratiques ou autres des républiques de l’ex-URSS étaient parmi les pires qui aient souffert aux mains des OSC incubées et lâchées sur elles par George Soros. Évidemment, ils ne peuvent pas dissoudre complètement les OSC – c’est un droit réservé à l’État d’Érythrée et à la Corée du Nord – mais ils ont développé un antidote législatif pour les tenir sous haute surveillance – une clause relative aux agents étrangers.
3 – Un retour en arrière est inévitable
L’Agence des organisations de la société civile (ACSO) n’a que trois mois pour décider du sort des OSC qu’elle a suspendues il y a quelques jours. Les OSC inscrites sur la liste noire ne peuvent pas se permettre de rester fermées aussi longtemps et je suis sûr qu’elles vont faire pression sur l’Agence pour qu’elle révoquer leur enregistrement dès que possible. Oui, pour révoquer. Vous savez pourquoi, car ils auront le droit de préférer un recours judiciaire pour obtenir leur réintégration. Compte tenu de la protection totale accordée aux OSC par la proclamation révisée, la Cour a peu de marge de manœuvre pour favoriser le gouvernement et est certaine de décréter leur réintégration.
Que va faire le gouvernement ? Bien sûr, invoquez l’héritage d’Ato Meles ! Donc, c’est ce texte de loi qui pose problème, n’est-ce pas ? Nous traiterons plus tard des archi-démolisseurs de nos propres rangs qui étaient à l’origine de l’amendement, pour l’instant, transmettons une note au président de la Chambre pour réintroduire la proclamation numéro 621/2009 sans même modifier un mot du préambule.
Que Dieu bénisse.
L’écrivain peut être contacté à : estefanoussamuel@yahoo.com
Note de l’éditeur : les opinions exprimées dans l’article ne reflètent pas nécessairement celles de Togolais.info
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