Éthiopie: calice empoisonnée de la vendetta: Quand la gouvernance oublie la grâce

Maria

Politique de l'Éthiopie _ Mohamud Politique de l'Éthiopie _ Mohamud

Mohamud A. Ahmed – Cagaweyne
Région somalienne d’Éthiopie

Alors que je polir mon livre pour ses touches finales aujourd’hui, je reviens au chapitre 16, une pièce à laquelle j’ai emprunté pour cette écriture. Je sais que certains peuvent ne pas accueillir l’emprunt de ce qu’ils attendent avec impatience. Pourtant, le livre est écrit pour tous, y compris le gouvernement, et il serait injuste de refuser aux lecteurs un aperçu de son message. Certains peuvent considérer ces mots comme hostiles plutôt que gracieux, mais mon intention est autrement. L’esprit de ce chapitre n’est pas de blesser mais de se réveiller, non pas de condamner mais de conseiller, de la gouvernance exige non seulement la loyauté mais aussi l’honnêteté. Si la vérité est tranchante, elle n’est aiguisée que pour guérir plutôt que de nuire.

L’histoire des nations révèle un modèle récurrent: moments où les animosités privées se sont glissées dans le domaine public et ont façonné des décisions qui marquaient les générations. Au cœur de ces échecs n’est pas toujours un manque d’intelligence ou de ressources, mais le poison de la vendetta déguisé en gouvernance. Il commence comme une querelle privée, la blessure personnelle ou le grief d’un leader, mais une fois entrelacé avec la machinerie de l’État, il devient une tragédie collective qui endommage les institutions, sape la confiance et corrode le tissu délicat de la société.

Vendetta, dans son essence, est l’opposé du leadership. C’est une indulgence de l’ego plutôt qu’un exercice de vision. Il rétrécit l’horizon de la pensée, éliminant les perspectives des autres, et rend le leader sourde pour conseiller et aveugler la logique. Il viole l’ordre moral de gouvernance en réduisant le devoir public au niveau de la satisfaction privée. Lorsque Vendetta dicte des décisions, la gouvernance cesse d’être un art du service et devient un théâtre de rétribution personnelle.

La région somalienne de l’Éthiopie a souvent été vulnérable à ce calice empoisonné. Le parcours politique moderne de la région, marqué par des décennies de marginalisation, de conflit et de paix fragile, a également été façonné par des dirigeants qui ont permis aux griefs personnels d’influencer leurs rôles publics. Les personnalités de l’opposition étaient trop souvent considérées comme non comme des voix alternatives dans un espace démocratique mais comme des menaces pour le pouvoir personnel. Les critiques ont été traités comme des ennemis pour être réduits au silence plutôt que des citoyens à entendre. Les arrestations, les licenciements et la marginalisation sont devenus des outils non pas de la gouvernance mais de la vendetta.

Le coût de ces modèles est douloureusement visible. Lorsque Vendetta entraîne une politique, les institutions s’affaiblissent et le gouvernement devient préoccupé de gérer ses concurrents au lieu de résoudre les problèmes des gens. Les hôpitaux perdent leurs médecins, les écoles sont dépouillées des enseignants qualifiés, les universités sont drainées de leurs meilleures voix et les communautés sont laissées sans leader parce que les personnes capables de service sont ciblées pour des raisons sans rapport avec le mérite ou la performance. L’État devient plus pauvre non pas par manque de ressources mais par une exclusion délibérée de talent sous l’ombre de l’animosité personnelle.

Le danger de la politique axée sur la vendetta est qu’il rouvre les blessures que l’histoire a du mal à guérir. La région somalienne, longuement hantée par les souvenirs de la guerre, du déplacement et de la suppression, n’a pas besoin de plus de divisions. Il a besoin d’une réconciliation et d’un leadership capable d’aller au-delà des anciens griefs. Pourtant, Vendetta prospère pour maintenir les conflits en vie, garantissant que le passé n’est jamais enterré et que l’avenir n’est jamais né. Chaque querelle personnelle élevée au niveau de gouvernance devient une autre cicatrice dans le corps politique de la région.

Il est important de reconnaître que la vendetta n’est pas toujours bruyante ou dramatique. Parfois, il apparaît tranquillement, sous la forme d’exclusion de certains groupes des postes de responsabilité, sous la forme de refus des services aux domaines associés aux rivaux politiques, ou dans l’utilisation subtile de la restructuration administrative pour affaiblir les adversaires plutôt que de renforcer la gouvernance. Dans la région somalienne, où l’ingénierie politique éclipse souvent la prestation des services, Vendetta peut se cacher derrière des politiques présentées comme une réforme mais conçue comme rétribution.

Pourtant, la gouvernance n’a pas besoin de tomber dans ce piège. Err est humain, mais reconnaître l’erreur est une marque de dignité. Le leadership ne perd pas la légitimité en admettant des faux pas. Au contraire, il gagne l’autorité morale. Un chef qui peut regarder un adversaire et ne pas voir un ennemi mais un citoyen, qui peut résister à la tentation de riposter et de choisir à la place la retenue, démontre que la gouvernance est plus grande que les blessures personnelles. Une telle retenue n’est pas une faiblesse. C’est la force qui renforce la légitimité et la sagesse qui gagne le respect.

Être tort trouble l’esprit. Il perturbe la paix intérieure du chef et desserre l’emprise de la certitude. Mais cette perturbation n’est pas une menace pour l’autorité; C’est le début de la sagesse. Un chef qui reconnaît la possibilité de se tromper est mieux équipé pour agir à juste titre que celui qui s’accroche à l’infaillibilité. L’humilité, plus que le pouvoir, est le fondement d’une gouvernance durable. Sans humilité, l’autorité se glisse facilement dans la tyrannie. Avec humilité, le leadership devient la grâce.

La région somalienne se situe aujourd’hui à un seuil délicat. D’un côté, se trouve la tentation de la politique axée sur la vendetta, où les dirigeants continuent de poursuivre des griefs personnels sous le couvert de la gouvernance. De l’autre côté réside la possibilité d’un nouvel horizon politique, où l’inclusion, la retenue et la magnanimité remplacent les représailles. La décision entre ces deux voies façonnera l’avenir de la région. Si la vendetta est autorisée à dicter la gouvernance, la région continuera de se fracturer et son peuple subira les conséquences d’une instabilité répétée. Mais si les dirigeants embrassent la discipline de la retenue, ils peuvent construire des institutions capables de survivre au-delà des dirigeants individuels et de créer une société dont la gouvernance est rappelée pour le service plutôt que la punition.

Ce moment est particulièrement critique car la région somalienne a récemment connu une fenêtre rare dans l’histoire éthiopienne. Le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed a offert un degré de non-ingérence sans précédent, à la fois politiquement et économiquement, permettant à la région de déterminer une grande partie de sa propre voie. Pour la première fois depuis des décennies, les dirigeants ne peuvent pas facilement prétendre que chaque problème vient de la domination centrale. Si des erreurs se produisent maintenant, ils ne sont pas importés mais auto-fabriqués. Cette réalité rend une responsabilité plus lourde sur les dirigeants régionaux à gouverner judicieusement, à éviter la vendetta et à hiérarchiser le service sur les querelles personnelles.

La restructuration administrative en cours de la région illustre à la fois la promesse et le péril de ce moment. L’élargissement des services gouvernementaux aux communautés éloignées est un devoir légitime de gouvernance. Mais lorsque la restructuration semble sélective, lorsqu’elle semble viser à affaiblir les rivaux ou à récompenser les alliés, il risque de devenir un autre instrument de vendetta plutôt qu’un exercice d’ingénierie des services. Les dirigeants doivent se rappeler que les réformes administratives doivent être conçues avec des études complètes, des consultations larges et des projections de leur impact social. Sans ces garanties, même les réformes présentées avec la bonne volonté peuvent déstabiliser les soldes fragiles et semer la discorde parmi les communautés.

La mesure de la gouvernance avec la grâce n’est pas combien de critiques sont réduits au silence, mais combien de citoyens sont entendus sans crainte. Ce n’est pas combien de temps on tient ses fonctions, mais à quel point on utilise sagement l’autorité. Les habitants de la région somalienne méritent un leadership qui résiste au poison de la vendetta et embrasse l’appel supérieur de l’équité. Ils méritent de voir des prisons vidées de penseurs, d’écoles remplies d’enseignants, d’hôpitaux dotés de médecins et de communautés dirigés par leurs fils et filles les plus capables sans discrimination.

L’histoire n’honorera pas la vengeance. Cela ne se souvient pas de ceux qui se sont accrochés au pouvoir le plus long, mais ceux qui l’ont exercé avec sagesse et retenue. Le calice empoisonné de Vendetta tente beaucoup, mais il détruit tous ceux qui en boivent. Seul le chemin de la grâce, de l’humilité et de la magnanimité renforce les héritages qui perdurent au-delà du temps d’un individu au pouvoir.

La gouvernance dans la région somalienne aujourd’hui doit faire ce choix. Va-t-il continuer à répéter l’ancien cycle de vendetta et de représailles, ou va-t-il entrer dans une nouvelle ère de leadership inclusif? La réponse déterminera non seulement la stabilité de la région, mais aussi sa contribution à la plus grande fédération éthiopienne. Car si la région somalienne démontre qu’elle peut gouverner avec grâce, résister à la vendetta et choisir la retenue, elle n’assurera pas seulement son propre avenir, mais fournira également un modèle à d’autres en Éthiopie et au-delà.

Réflexion finale

Mon stylo n’est pas une arme pour la vengeance ni une échelle pour l’ambition. Il n’est pas aiguisé par la soif de pouvoir ni se pencher envers ceux qui sont assis en autorité ou ceux qui aspirent à les remplacer. Il n’est guidé que par la conscience. Je n’ai aucun désir de s’asseoir sur cette chaise sacrée du pouvoir, un siège qui a trop souvent été maltraité. Mon stylo existe pour la vérité, la justice et pour la guérison d’un peuple dont le destin mérite mieux que Vendetta. S’il coupe, il coupe pour se réveiller. S’il se blesse, il ne se blesse que pour guérir.

Mohamud A. Ahmed – Cagaweyne est chroniqueur, analyste politique et de sécurité et chercheur au Greenlight Advisors Group. Il peut être joint à: 251900644648

Note de l’éditeur: les vues dans l’article ne reflètent pas nécessairement les vues de Togolais.info

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