Dans une révélation surprenante, le Ghana se retrouve parmi les rares pays hébergeant des serveurs pour un puissant logiciel espion développé par une autre société technologique israélienne, QuaDream.
À l'insu de nombreux Ghanéens, cette découverte, issue d'une enquête de Reuters menée en 2022 sur les dossiers d'une entreprise israélienne, met en lumière la création de QuaDream en 2016. Dirigée par Ilan Dabelstein, un ancien responsable militaire israélien, aux côtés de deux anciens employés de NSO, Guy Geva et Nimrod. Reznik, QuaDream est devenu un acteur important dans la technologie de surveillance.
Semblable au tristement célèbre logiciel espion Pegasus de NSO, le produit phare de QuaDream, baptisé REIGN, possède la capacité d'infiltrer les smartphones, donnant accès aux messages cryptés sur des plateformes telles que WhatsApp, Telegram et Signal. De plus, REIGN facilite l'extraction d'e-mails, de photos, de textes et de contacts, selon les affirmations de QuaDream.
La révélation de l'existence et du déploiement de REIGN a été révélée grâce au travail assidu du Citizen Lab, un institut de recherche interdisciplinaire renommé dont le siège est à la Munk School of Global Affairs & Public Policy de l'Université de Toronto. En analysant un rapport de Microsoft Threat Intelligence, Citizen Lab a découvert des traces d'un exploit suspecté d'iOS 14 sans clic utilisé pour déployer le logiciel espion de QuaDream. Surnommé ENDOFDAYS, l'exploit ciblait les versions iOS 14.4 et 14.4.2, exploitant les invitations invisibles du calendrier iCloud comme vecteur d'infiltration.
Bien que cette révélation survienne un an après son apparition, ses implications restent profondément pertinentes, en particulier avec les élections imminentes au Ghana en décembre. Les logiciels espions étant souvent utilisés contre des personnalités de l’opposition, des militants et des journalistes, les préoccupations concernant l’intégrité électorale et les processus démocratiques revêtent une grande importance. Le Ghana, souvent présenté comme un pilier de la démocratie au milieu de tumultes régionaux, fait désormais face à un examen minutieux pour son traitement des voix dissidentes. Des journalistes et des militants se retrouvent arrêtés, détenus et même torturés pour avoir prôné la transparence et la responsabilité.
L’implication du Ghana dans la technologie de surveillance s’étend au-delà du REIGN de QuaDream. La rumeur selon laquelle le pays aurait acquis le logiciel espion Pegasus de NSO, bien que non confirmée officiellement, a suscité la controverse. Alors que les responsables reconnaissent la possession du matériel Pegasus, l'absence de logiciel qui l'accompagne a suscité des soupçons, conduisant à des litiges juridiques et à des allégations d'irrégularités financières contre le personnel de la sécurité nationale et de la National Communication Authority.
Alors que le Ghana est aux prises avec les conséquences du scandale NSO, son implication dans le logiciel espion de QuaDream ajoute une autre couche de complexité au récit de surveillance. Malgré les appels à un examen minutieux de la part des universitaires israéliens, les détails des relations du Ghana avec Pegasus restent entourés d’ambiguïté. L'émergence de REIGN de QuaDream amplifie les inquiétudes concernant les pratiques de gouvernance numérique du Ghana, impliquant le pays dans un réseau mondial d'espionnage numérique.
L'inclusion du Ghana parmi les pays hébergeant les serveurs de QuaDream (Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Israël, Mexique, Roumanie, Singapour, Émirats arabes unis et Ouzbékistan) souligne l'influence omniprésente de la technologie de surveillance dans un monde interconnecté. Alors que le Ghana évolue dans le paysage complexe de la gouvernance numérique, le spectre de la surveillance jette une ombre sur ses aspirations démocratiques.