L’extrême gauche a prévu des manifestations à l’échelle nationale après qu’une campagne réussie pour arriver en tête a abouti à l’installation d’un Premier ministre qui est un pilier de la politique de droite française depuis des décennies.
La gauche française furieuse a appelé à des manifestations de masse dans plus de 130 villes samedi, après que le président français Emmanuel Macron a nommé un Premier ministre de droite, malgré la victoire surprenante de la gauche aux élections tumultueuses de juillet.
Le Nouveau Front populaire, une coalition de gauche née pour contrer la montée de l’extrême droite en France, a bouleversé les pronostics et stupéfié la nation en remportant le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale française, la majorité des électeurs français ayant rejeté l’alliance centriste pro-business de Macron en faveur des extrêmes politiques.
La France s’attendait à une victoire du Rassemblement national d’extrême droite aux élections, jusqu’à ce que les partis de gauche forment une alliance improbable à la dernière minute, poussant le RN anti-immigration à la troisième place et laissant les centristes de Macron en deuxième position.
Alors que le bloc de gauche n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue, le président français nomme habituellement un Premier ministre issu du groupe disposant du plus grand nombre de sièges au Parlement.
Mais Macron a évité les efforts de la gauche pour évincer l’establishment et a plutôt nommé le conservateur français chevronné Michel Barnier, membre de longue date du parti de droite Les Républicains, qui a terminé quatrième aux élections.
Barnier, un homme politique de droite qui compte plus de 50 ans d’expérience politique, partage les vues conservatrices de Macron sur la politique économique et est issu du même courant pro-européen que le président. (En France, le Premier ministre supervise la politique intérieure, tandis que le président dirige les affaires étrangères.)
Un sondage publié vendredi par l’institut de sondage français Elabe a montré que 74% des Français considèrent que Macron a ignoré les résultats des élections en nommant Barnier, 55% estimant qu’il les a volés.
Macron espère que Barnier sera capable de former un gouvernement capable de survivre à une Assemblée nationale profondément divisée – quelque chose dont il ne croyait pas le Nouveau Front populaire capable.
Jusqu’à présent, les dirigeants de l’extrême droite n’ont pas confirmé s’ils soutiendraient la direction de Barnier.
Et la gauche est mécontente qu’une tentative réussie de terminer en tête des élections ait abouti d’une manière ou d’une autre à l’installation d’un Premier ministre qui a été un pilier de la politique de droite française pendant des décennies.
Appelant à la mobilisation contre la décision de Macron, La France Insoumise, parti d’extrême gauche intégré au Nouveau Front populaire, affirme sur son site que le président « refuse de reconnaître » le résultat de l’élection.
Elle exige que le président « respecte le choix du peuple » en mettant en œuvre les politiques du Nouveau Front populaire, notamment l’augmentation du salaire minimum, l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans et la reconnaissance de l’État palestinien.
Avant les élections, la France avait été secouée par des manifestations, imputant l’instabilité économique accrue aux politiques pro-entreprises de Macron, poussant les électeurs vers les extrêmes populistes de gauche et de droite, qui ont tous deux appelé à des politiques coûteuses protégeant le filet de sécurité sociale de la France tout en s’opposant aux réformes controversées des retraites de Macron.
Mais seule la gauche appelle à manifester samedi.
Les quelque 130 manifestations sont attendues dans tout le pays, notamment dans les grandes villes comme Lille, Montpellier, Nice et Strasbourg, ainsi que dans des communes plus rurales. Des manifestations sont prévues à la Bastille à Paris à 14 heures, heure locale.