Une confrontation meurtrière entre la police et des mineurs présumés illégaux dans les mines Ahafo Sud de Newmont, le 8 janvier 2025, a déclenché l’indignation du public et renouvelé les appels à une réforme systémique dans le secteur minier du Ghana.
L’incident a fait trois morts et plusieurs autres blessés à Acherensua, une communauté de la région d’Ahafo.
Selon certaines informations, la police, déployée pour protéger la concession minière de Newmont, a eu recours à la force meurtrière contre des individus accusés de se livrer à des activités minières illégales.
Alors que les enquêtes sont en cours, la réponse violente a suscité les critiques des groupes de jeunes, des autorités traditionnelles et des organisations de la société civile (OSC), qui estiment que ces actions étaient excessives et injustifiées.
Une coalition de parties prenantes, dont Wacam, le Centre de droit d’intérêt public (CEPIL), le Centre d’analyse d’impact environnemental (CEIA), la Global Media Foundation et le Centre d’études d’impact social (CeSIS), a publié une déclaration commune condamnant l’incident.
« Ces décès sont inutiles et mettent en évidence le recours disproportionné à la force contre les communautés vulnérables », indique le communiqué.
Il a en outre critiqué les violations systémiques des droits humains permises par le déploiement de forces de sécurité étatiques et privées pour protéger les concessions minières.
La déclaration faisait référence à un rapport de 2008 de la Commission des droits de l’homme et de la justice administrative (CHRAJ), qui documentait les violations des droits de l’homme dans les communautés minières.
Le rapport révèle des pratiques de harcèlement et de traitement inhumain à l’encontre de mineurs présumés illégaux, impliquant souvent des membres de la sécurité de l’État stationnés sur les sites miniers.
Les conclusions de la CHRAJ ont souligné la nécessité pour les agences de sécurité de respecter les dispositions constitutionnelles, notamment l’article 15 de la Constitution de 1992, qui garantit la dignité de tous les individus et interdit la torture et les traitements dégradants.
Dans son appel à l’action, la coalition a exhorté le gouvernement à :
- Mener des enquêtes indépendantes sur les violations des droits humains dans les communautés minières, en particulier celles liées aux opérations de Newmont à Ahafo Nord et Sud.
- Enquêter sur la conduite des policiers impliqués dans l’incident du 8 janvier.
- Réviser les protocoles de sécurité dans les zones minières pour assurer la protection des droits des membres de la communauté.
- Tenir les sociétés minières responsables de la mise en œuvre de mesures visant à prévenir les violations des droits humains.
« Le personnel de sécurité de l’État a un double mandat : faire respecter la loi et sauvegarder les droits de tous les citoyens », souligne le communiqué, exhortant les autorités à garantir que les sociétés minières et les forces de l’ordre opèrent dans les limites de la loi.
Les événements tragiques d’Ahafo Sud s’inscrivent dans un contexte plus large de tensions entre les sociétés minières et les communautés d’accueil.
Les groupes de la société civile critiquent depuis longtemps l’impunité perçue avec laquelle les sociétés multinationales opèrent dans le secteur minier du Ghana, souvent au détriment des moyens de subsistance et des droits locaux.
Ce dernier incident a relancé les débats sur la nécessité d’un équilibre plus équitable entre l’extraction des ressources et le bien-être des communautés, ainsi que sur la nécessité d’une surveillance plus stricte des opérations de sécurité dans les zones minières.
Alors que les enquêtes se poursuivent, la coalition espère que la justice pour les victimes servira de catalyseur aux réformes attendues depuis longtemps dans le secteur.