Compréhension classique et réaliste du concept de pouvoir

Maria

Réalisme

J’ai passé une grande partie de ma vie professionnelle à bâtir des systèmes dans les domaines de la finance, de l’agriculture, de la logistique et des assurances, où les résultats dépendent autant de la stratégie que de l’effet de levier. Au fil du temps, j’ai réalisé que ce qu’on appelle stratégie commerciale dans le commerce et ce que les politologues appellent pouvoir dans les relations internationales sont des versions de la même vérité sous-jacente. Cette prise de conscience m’a en partie amené à poursuivre une maîtrise en relations internationales à l’Université du Staffordshire. Je veux comprendre l’architecture du pouvoir, non seulement sur les marchés mais aussi dans le monde lui-même.

Ce voyage m’a fait découvrir l’école de pensée connue sous le nom de réalisme classique, selon laquelle le pouvoir, et non la bonne volonté ou les traités, est le principe organisateur de la vie internationale. Il s’agit d’un cadre qui élimine les illusions et impose une question inconfortable mais nécessaire pour toute entreprise, gouvernement ou communauté : que contrôlez-vous réellement ?

Les racines du réalisme

Le réalisme classique a émergé sur les cendres d’un idéalisme raté. L’optimisme de l’après-Première Guerre mondiale, incarné par la Société des Nations, avait promis que la coopération et le droit mettraient fin à la guerre. Puis vinrent les années 1930 avec le fascisme, l’invasion et l’effondrement. Pour des penseurs comme EH Carr, il ne s’agissait pas seulement d’une tragédie ; c’était la preuve que l’idéalisme moral sans pouvoir est un luxe réservé aux forts. Dans « La crise de vingt ans »Carr a écrit qu’ignorer le pouvoir en tant que facteur décisif « est purement utopique ». Il ne célébrait pas le cynisme mais mettait plutôt en garde contre la naïveté.

La vision de Carr semble étonnamment pertinente pour les institutions modernes qui confondent les déclarations de vision et le pouvoir réel. Le pouvoir n’est pas l’arrogance. C’est l’ensemble des outils et des structures qui rendent les idéaux applicables. Que ce soit en diplomatie ou en affaires, vous ne pouvez agir que dans la mesure de votre influence.

Morgenthau et la condition humaine

Si Carr a tiré la sonnette d’alarme, Hans J. Morgenthau a construit la philosophie. Dans « La politique entre les nations » (1948), il soutenait que « la politique, comme la société en général, est régie par des lois objectives qui trouvent leurs racines dans la nature humaine ». Les humains, poussés par la peur, l’ambition et l’instinct de survie, créent des États qui reflètent ces mêmes instincts. Dans un monde sans gouvernement mondial, les États agissent un peu comme le font les individus livrés à eux-mêmes ; ils recherchent le pouvoir pour assurer leur survie.

Morgenthau a défini le pouvoir au sens large : « tout ce qui établit et maintient le contrôle de l’homme sur l’homme ». Cela inclut la force, la persuasion et le prestige. C’est une force relationnelle, pas seulement matérielle. La pertinence pour les entreprises modernes est claire. La part de marché, le contrôle de l’information et la confiance sont toutes des formes de pouvoir. Gérer n’importe quel système, qu’il soit politique ou économique, c’est comprendre ces relations d’influence.

La moralité par le pouvoir, pas contre lui

L’idée la plus troublante de Carr est que la moralité elle-même naît du pouvoir. « Le droit et la moralité en politique internationale, écrit-il, sont des fonctions du pouvoir ». Les puissants définissent des normes parce qu’ils le peuvent. Les faibles moralisent parce qu’ils le doivent. Cela ne veut pas dire que la moralité est fausse ; cela signifie que les codes moraux ne perdurent que lorsqu’ils sont ancrés dans la force.

Cette leçon va au-delà de la géopolitique. Les entreprises et les nations échouent souvent lorsqu’elles confondent intentions et capacités réelles. Un système équitable doit également être solide. Sur les marchés agricoles du Ghana, par exemple, l’équité envers les agriculteurs ne réussit que lorsqu’elle est soutenue par la logistique, le financement et l’application des lois, qui sont toutes des formes de pouvoir structurel. En ce sens, le réalisme classique sous-tend subtilement le développement durable lui-même.

La prudence comme vertu réaliste

Morgenthau considérait la prudence comme la plus haute vertu du leadership : la capacité de choisir le moindre mal plutôt que le bien inaccessible. Ce concept, développé dans le chaos moral qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, façonne encore une gouvernance mature. Le leader réaliste n’est pas sans cœur. Il est discipliné. Il comprend que l’idéalisme sans réalisme engendre la catastrophe.

Cette même prudence soutient les institutions. Chez Maxwell Investments Group, j’ai observé comment les entreprises prospèrent lorsqu’elles évitent la tentation du succès instantané au profit d’une résilience à long terme. Le réalisme en politique et le réalisme en entreprise partagent un principe fondamental : la retenue engendre la longévité.

Les leçons de la guerre froide de Bartlett

L’historien CJ Bartlett a étendu cette réflexion à l’ordre d’après-guerre. « L’ascension et la chute de la Pax Americana » (1974). Il a noté que « les Américains pouvaient utiliser leur pouvoir de manière aussi réaliste que n’importe quel autre État, (mais) ils l’utilisaient de manière moins cohérente et sans réserve ». En d’autres termes, même les superpuissances sont aux prises avec la tension entre aspiration morale et nécessité pragmatique.

Cette même tension hante les dirigeants partout dans le monde, que ce soit dans les secteurs des entreprises ou du gouvernement. Lorsque nous prêchons des valeurs mais ne parvenons pas à établir des systèmes qui les sauvegardent, notre crédibilité diminue. L’avertissement de Bartlett est également pertinent pour les multinationales qui promettent la durabilité sans cadres de gouvernance pour la faire respecter.

L’infrastructure invisible du pouvoir

Ce que Carr et Morgenthau ont compris, et ce que beaucoup oublient, c’est que le pouvoir se cache souvent à la vue de tous. Elle n’est pas seulement détenue par les armées et les économies, mais également par la confiance, l’information et la fiabilité. Les nations, comme les marques, augmentent ou diminuent en fonction de leur crédibilité. Lorsque la confiance est rompue, même les plus puissants perdent leur influence.

Cette « infrastructure invisible » explique pourquoi le réalisme trouve un écho dans l’économie moderne. Un système financier repose sur la confiance dans les réglementations. Les chaînes d’approvisionnement dépendent d’une confiance mutuelle. La perte de confiance, comme l’a montré la crise financière de 2008, est en fin de compte un effondrement du pouvoir, du pouvoir d’assurer la continuité.

Le retour moderne du réalisme

Les gros titres d’aujourd’hui reflètent une vision réaliste du monde. Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, lorsque la Chine a sécurisé les corridors miniers à travers l’Afrique et lorsque les États-Unis se sont battus pour la domination des semi-conducteurs, il ne s’agissait pas de drames moraux mais de manœuvres réalistes. Même la transition climatique suit désormais une logique réaliste : les nations recherchent la durabilité non seulement pour sauver la planète, mais aussi pour s’assurer un avantage dans l’ordre énergétique émergent.

Dans cette optique, le réalisme n’est pas du cynisme ; c’est la compréhension. Il reconnaît que la coopération nécessite des capacités et que la paix ne repose pas sur la bonne volonté mais sur l’équilibre.

La lecture africaine du pouvoir

Pour l’Afrique, le réalisme fournit un cadre d’action. Dans les négociations mondiales, les appels moraux ne suffisent pas. Les États doivent renforcer leur influence grâce à l’intégration régionale, aux infrastructures et aux institutions crédibles. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est un projet réaliste déguisé en idéaliste ; elle transforme la solidarité en pouvoir de négociation.

La longue histoire commerciale du Ghana, du cacao à l’or, enseigne la même leçon. Notre indépendance économique ne dépend pas de slogans mais de systèmes financiers, logistiques et de gouvernance. Les faibles dépendent de la sympathie ; les conditions de négociation fortes.

Leçons pour les affaires et le leadership

À bien des égards, le réalisme est la philosophie tacite qui sous-tend toute entreprise durable. Vous ne pouvez pas gérer une entreprise uniquement sur la bonne volonté. Vous avez besoin de structure, d’informations, de crédibilité et de capacité d’influence. Chez Maxwell Investments Group, notre travail dans les domaines de la finance, de l’agriculture, de l’assurance et de la logistique a démontré que la résilience augmente lorsque chaque entité renforce les autres, un réseau de forces interdépendantes et non d’ambition isolée.

Cette logique derrière notre écosystème MIG est le réalisme en action. Je le vois clairement maintenant. Les institutions les plus éthiques sont celles qui sont suffisamment fortes pour survivre aux personnalités. Le réalisme enseigne que le pouvoir, lorsqu’il est bien compris, n’est pas une question de domination mais une question de durabilité.

Pouvoir, prudence et paix

Les réalistes classiques n’étaient pas des pessimistes ; ils étaient les gardiens de la proportion. Ils croyaient que l’ambition humaine ne pouvait jamais être effacée, mais seulement équilibrée. La paix n’est donc pas l’absence de pouvoir mais sa gestion.

Comme l’a écrit Morgenthau, le leader avisé doit agir avec « prudence », conscient que même de nobles motivations peuvent conduire à des résultats destructeurs. Cette humilité, cette conscience des limites du pouvoir, est le noyau moral du réalisme.

Pourquoi c’est toujours important

Les crises mondiales, de la guerre à l’inflation en passant par la rupture des chaînes d’approvisionnement, sont en fin de compte des crises du pouvoir et de sa mauvaise utilisation. Carr, Morgenthau et Bartlett nous rappellent que la stabilité dépend de la force et de la retenue de ceux qui la détiennent. La leçon s’applique tout autant à la politique mondiale qu’aux conseils d’administration : le pouvoir n’est pas l’opposé de la moralité ; c’est son fondement.

En étudiant les relations internationales à l’Université du Staffordshire, j’ai réalisé que le réalisme n’est pas simplement une théorie sur les États. C’est une philosophie de maturité. Cela nous encourage à agir avec clarté plutôt qu’avec sentimentalité ; construire des structures qui soutiennent durablement nos idéaux.

Pour le Ghana, et pour tout dirigeant naviguant dans l’équilibre fragile entre aspirations et capacités, le réalisme classique offre une vérité qui donne à réfléchir mais qui donne du pouvoir : l’ordre moral que vous désirez est aussi fort que le pouvoir que vous construisez pour le maintenir.

J’espère que vous avez trouvé cet article à la fois perspicace et agréable. Vos commentaires sont grandement appréciés. Je suis ouvert à toutes les suggestions de sujets que vous souhaiteriez que j’aborde ou sur lesquels je fournisse des idées. Vous pouvez planifier un rendez-vous avec moi via mon Calendly sur www.calendly.com/maxwellampong. Vous pouvez également vous connecter via différents canaux sur ma page Linktree à l’adresse www.linktr.ee/themax. Abonnez-vous au « Entrepreneur en vous » newsletter ici : https://lnkd.in/d-hgCVPy.

Je vous souhaite une semaine très productive et réussie !

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L’auteur, le Dr Maxwell Ampong, est PDG de Maxwell Investments Group. Il est également conservateur honoraire au Musée national du Ghana et conseiller commercial officiel du plus grand syndicat agricole du Ghana, au sein du Congrès des syndicats du Ghana (TUC). Fondateur de WellMax Inclusive Insurance et WellMax Micro-Credit, le Dr Ampong écrit sur des sujets économiques pertinents et fournit des articles de perspective générale. « Entrepreneur en vous » opère sous les auspices de l’Africa School of Entrepreneurship, une initiative de Maxwell Investments Group.

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