Abiy Ahmed n’est pas apte à diriger l’Éthiopie à travers la géopolitique complexe de la Corne de l’Afrique

Maria

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Aba Habtu

Cet article présente le point de vue d’un citoyen concerné sur la situation en Éthiopie à la suite d’une importante confrontation entre la Somalie et l’Éthiopie, exacerbée par le déploiement de troupes égyptiennes en Somalie. La Corne de l’Afrique est reconnue comme l’une des arènes géopolitiques les plus complexes au monde, et j’ai l’intention de souligner comment Abiy Ahmed et son Parti de la prospérité oromo ont conduit l’Éthiopie vers une entité géopolitique précaire, dont l’éruption potentielle pourrait dévaster la région et étendre son impact dans le monde entier.

Avant l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed, l’Éthiopie était considérée comme un pilier de stabilité dans la Corne de l’Afrique, région instable. Malgré des difficultés internes, notamment des épisodes de troubles civils et de conflits régionaux, le pays a réussi à maintenir un semblant de paix qui a résonné dans toute la région. Cependant, en seulement six ans sous la gouvernance du Parti de la prospérité oromo (OPDO) – fondé sur des promesses d’inclusion – l’Éthiopie s’est transformée en une poudrière géopolitique instable. Les conséquences de cette transformation s’étendent au-delà de ses frontières, menaçant la dynamique déjà fragile de la Corne de l’Afrique. La complexité et la gravité de la crise géopolitique actuelle en Éthiopie peuvent être attribuées à trois facteurs principaux : l’incapacité d’Abiy Ahmed à comprendre la nature multiforme de la gouvernance, l’idéologie d’exclusion d’Oromummaa adoptée par le parti au pouvoir et les défauts de caractère inhérents à Abiy qui ont favorisé la déloyauté et la trahison.

1. L’immaturité d’Abiy Ahmed et son évangile de prospérité

L’accession au pouvoir d’Abiy Ahmed s’est largement appuyée sur une image empreinte d’optimisme et sur une perception de lui-même comme un homme de gouvernement efficace dans un contexte politique complexe. Néanmoins, son approche superficielle, souvent articulée autour d’un « évangile de la prospérité », reflète une incompréhension fondamentale des nuances nécessaires à la gouvernance d’une nation caractérisée par des ethnies et des histoires diverses. Ses décisions découlent souvent d’une croyance erronée selon laquelle des réformes radicales et des déclarations audacieuses peuvent remédier aux griefs historiques et aux divisions profondément enracinées entre les groupes ethniques de l’Éthiopie.

Motivé par une ferveur idéologique, Abiy s’est lancé dans des initiatives ambitieuses sans suffisamment réfléchir à leurs répercussions potentielles, tant sur la société éthiopienne que sur le contexte géopolitique de la Corne de l’Afrique. Les mesures prises de manière impulsive, comme le protocole d’accord problématique avec le Somaliland, soulignent une tendance inquiétante à la prise de décisions erratiques qui négligent les implications plus larges pour la stabilité régionale. L’incapacité d’Abiy à naviguer habilement dans ces complexités suggère une déficience de la maturité cognitive essentielle pour un dirigeant à la tête d’une nation de plus de 120 millions d’individus située dans un environnement géopolitique précaire.

2. La nature vorace d’Oromummaa

L’adoption par le parti au pouvoir, le Parti de la prospérité oromo, de l’Oromummaa, une idéologie politique qui vise à établir la domination du peuple oromo, aggrave les problèmes internes de l’Éthiopie. Cette idéologie, qui vise à un contrôle absolu du groupe ethnique oromo sur toutes les dimensions de la société, a exacerbé les tensions avec d’autres groupes ethniques, en particulier les Amhara.

L’élite dirigeante semble convaincue que le moment est opportun pour réaliser ce programme, compte tenu de la fragmentation infligée par les politiques de division du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) au cours des décennies précédentes. Alors que le tissu sociopolitique de l’Éthiopie se détériore, l’affirmation de la suprématie oromo s’est manifestée par une série de politiques agressives destinées à consolider le pouvoir. L’alignement d’Abiy sur cette idéologie met non seulement en péril l’inclusion de segments importants de la population, mais accentue également les préoccupations existentielles d’autres groupes ethniques, en particulier lorsqu’ils perçoivent l’urgence d’agir pour consolider le pouvoir avant que les forces opposées ne puissent leur lancer un défi. Cette quête d’hégémonie démontre un mépris téméraire pour les principes fondamentaux d’unité et d’harmonie nationales.

3. La culture de déloyauté et de tromperie d’Abiy Ahmed

L’un des aspects les plus néfastes du mandat d’Abiy Ahmed est sa banalisation de la déloyauté, de la trahison et de la trahison. Considéré au départ comme un dirigeant réformiste, son mandat s’est transformé en un discours caractérisé par l’hypocrisie et l’incohérence. Les promesses faites lors de son entrée en fonction sont restées en grande partie lettre morte, ce qui a entraîné une désillusion généralisée parmi ceux qui l’avaient initialement soutenu, notamment des personnalités de premier plan comme Lema Megersa et Gedu Andargachew, qui ont été marginalisées au profit des nationalistes oromos radicaux.

En outre, la gestion du conflit avec le TPLF par Abiy Ahmed montre qu’il est prêt à ignorer la collaboration et la création d’alliances, pourtant essentielles à la stabilité nationale. Son approche a non seulement entraîné des pertes humaines et des crises humanitaires importantes, mais aussi créé un environnement hostile qui porte atteinte à l’intégrité nationale. En privilégiant la loyauté envers son parti au détriment des mérites d’une coalition diversifiée, Abiy Ahmed risque de s’aliéner des alliés essentiels et d’exacerber les divisions ethniques.

La communauté internationale a largement ignoré l’escalade de la violence et de l’oppression en Éthiopie. La désintégration potentielle d’une nation comptant plus de 125 millions d’habitants mérite une attention urgente, car elle constitue une menace qui s’étend au-delà de la région et peut se répercuter à l’échelle mondiale. La crise en Éthiopie, aggravée par les troubles en cours au Soudan, menace de libérer des forces capables de déstabiliser l’ensemble de la Corne de l’Afrique et au-delà.

En conclusion, le leadership d’Abiy Ahmed, marqué par une prise de décision immature, des ambitions idéologiques périlleuses et une atmosphère de trahison omniprésente, l’a rendu incapable de guider efficacement l’Éthiopie dans un paysage géopolitique complexe et difficile. Ce n’est qu’en déployant des efforts concertés pour résister à la division et rechercher l’inclusion que le pays pourra aspirer à retrouver son rôle de force stabilisatrice dans la région, aboutissant à une gouvernance efficace et à la paix. La voie à suivre nécessite des dirigeants qui accordent la priorité à de véritables réformes, à la confiance et à l’unité nationale – des principes qui, malheureusement, ont été éclipsés par la tromperie et les troubles sous l’administration d’Abiy.

Note de l’éditeur : les opinions exprimées dans l’article ne reflètent pas nécessairement celles de Togolais.info

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